Des mesures d'austérité qui font craindre le pire
Par Lpbw
COMPRESSIONS. Le 24 septembre dernier, le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) interpellait le conseil d’administration de l’Agence de santé et de services sociaux – et ce malgré l’éventualité d’une abolition des agences – au sujet des restructurations et du manque des ressources actuel. Des compressions qui ont des impacts importants sur la population et les organismes communautaires « des mesures d’austérité qui font craindre le pire».
« Ce que nous voulons, au ROCL, c’est un système de santé et de services sociaux financé adéquatement, accessible et gratuit. Ainsi que du financement pour les organismes communautaires qui ont leur mission à accomplir mais qui ne peuvent se substituer au gouvernement. Nous vous demandons de porter ce message au ministre de la Santé M. Gaétan Barrette », a fait savoir Sophie Gilbert, porte-parole du ROCL.
Inquiet d’entendre de nouvelles annonces de coupes généralisées, dénonçant la détérioration des conditions de vie et des services à la population, le ROCL rappelle que, dans les Laurentides, le manque de ressources en services sociaux et de santé perdure depuis des années. L’organisme explique que les organismes communautaires en vivent les conséquences quotidiennement : sous-financés, ils peinent en effet à boucler leurs budgets et voient arriver chez eux des personnes en crise ou en situation de grande détresse dont le nombre s’accroit de jour en jour.
L’expérience terrain des intervenants de ces organismes démontre par ailleurs que plusieurs de ces personnes n’ont trouvé aucun recours « ailleurs ». En fait foi le témoignage, lors du conseil d’administration de l’Agence, de Nathalie Demers intervenante à l’Ami-E du quartier à Saint-Jérôme, en contact direct avec « ceux et celles qui ne cadrent pas dans les priorités de plus en plus pointues du réseau de la santé.»
Nathalie Demers rapporte l’histoire de cette dame gravement malade qui fréquentait l’Ami-E du quartier. «Elle a demandé de l’aide du CSSS. Elle avait de nombreux besoins, avait de la difficulté à s’alimenter. Au CSSS, on lui a dit qu’elle ne pouvait recevoir d’aide à domicile puisqu’elle marchait encore. Sa situation ne cadrait pas dans les critères. Et bien, on l’a retrouvée morte dans son appartement. »
L’intervenante parle aussi de cet homme, arrivé tôt un matin à l’Ami-E du quartier avec des idées suicidaires. «Il venait de contacter le CSSS. On lui a demandé de se présenter à 13 h 30. Il était en panique. Ce monsieur ne pouvait pas être laissé à lui-même pendant toutes ces heures, il aurait pu se tuer. Nous nous sommes donc occupés de lui en attendant que le service d’urgence sociale prenne le relais l’après-midi. Le problème, c’est que nous ne sommes qu’une petite équipe. Ces situations sont trop grosses pour nous. Ça ne peut pas continuer comme ça, on s’épuise», estime Nathalie Demers ajoutant que des exemples similaires, il y en a des dizaines.
Pour terminer, le ROCL a questionné l’Agence au sujet de priorités qui seront transmises au ministre de la Santé. Le ROCL souhaite en effet connaître les dossiers incontournables qui seront mis de l’avant par l’Agence pour les Laurentides.