(Photo : Nordy)
Bien camouflé, un un nid imposant de possibles guêpes à taches blanches a été localisé à St-Hippolyte.

Des guêpes géantes sèment la confusion parmi la population

Par Luc Robert

Un nid géant de guêpes à taches blanches, repéré près de la chapelle Saint-Albert-Le-Grand du lac Connelly, a semé son lot d’inquiétudes récemment parmi les utilisateurs de Facebook, qui croyaient avoir à faire à des frelons asiatiques.

La prolifération des vidéos sur Youtube, au sujet des immenses frelons asiatiques rencontrés dans les secteurs de Seattle et de Vancouver, a vite développé l’imaginaire collectif des Hippolytois.

« J’ai repéré ce que je pensais être un nid d’oiseaux, mais des insectes assez grands en sortaient. Une recherche sur six sortes de nids différents, via internet, m’a convaincu que c’était une sorte de frelon ou de guêpe. Un biologiste/entomologiste du MAPAQ m’a dit qu’il s’agissait d’une espèce commune et sociale, connue sous le nom de guêpe à taches blanche. Il a ajouté qu’aucun frelon asiatique n’est passé à l’est des Rocheuses, selon ses informations », a constaté le citoyen de la rue des Mélèzes.

Questionné quant à la présence des grosses bestioles dans les Laurentides, André- Philippe Drapeau-Picard, détenteur d’une maîtrise en biologie de l’Université Laval, s’est voulu rassurant.

« Les guêpes à taches blanches (Dolichovespula maculata) ont une apparence semblable à celle des frelons, mais il s’agit en fait de la plus grosse espèce de guêpes qui existe au Québec. Elles se nourrissent de nectar et d’arthropodes, et parfois de charogne. C’est une prédatrice, mais pas assez grosse pour s’attaquer à une ruche. Elles ont leur utilité contre les insectes ravageurs et elles aident à la pollinisation des plantes et des fleurs, en se nourrissant de leur nectar. Elles sont aussi bénéfiques aux cultures », a-t-il précisé.

Les guêpes à taches blanches sont dites « sociales », mais pas innoffensives pour autant. « Elles sont sociales parce qu’elles vivent en colonie. Mais ça ne veut pas dire qu’elles ne sont pas agressives. Si elles se sentent menacées ou que quelqu’un passe trop près de leur nid, il est certain qu’elles attaqueront », a averti celui qui est aussi préposé aux renseignements entomologiques à l’Insectarium de Montréal.

Cousins frelons

Si M. Drapeau-Picard est rassurant pour les guêpes à taches blanches, il invite à la prudence face au cousin du frelon asiatique, le frelon européen, présent en Estrie et en Outaouais depuis 2004.

« Le frelon géant européen vit ici et s’est adapté à nos conditions hivernales. Tout comme les papillons et les abeilles, ils se dirigent vers le nord. Je ne dis pas que le frelon asiatique ne franchira pas un jour nos hautes Rocheuses, mais pour le moment, ce sont des signalements de frelons européens que nous recevons. C’est une question de temps, cependant, avant que le cousin européen se pointe dans les Laurentides. Mais contrairement aux frelons asiatiques, il ne s’agit pas d’une espèce qui cause des problèmes », a expliqué l’expert. Le frelon européen poursuit sa migration, en étant plus civilisé que son cousin asiatique.

« Le frelon asiatique est assez drastique : il arrache littéralement la tête des abeilles et mange ses organes. Le frelon géant asiatique Vespa mandarinia niche principalement dans le sol, alors qu’une autre espèce, le frelon asiatique Vespa velutina, reste accrochée aux branches d’un arbre. Enfin, le frelon européen Vespa crabro habite principalement dans des arbres creux et des structures de construction humaine, comme des toits de grange, des balcons ou des greniers. »

Disposition du nid?

Selon M. Drapeau-Picard, il y a moins d’inquiétude à avoir au sujet de possibles piqûres lorsqu’on trouve un nid géant de guêpes à taches blanches, comme à Saint- Hippolyte.

« À la première gelée hivernale, la majorité des individus de ce nid seront morts. La reine désertera le nid au début d’octobre, pour se trouver une place d’hibernation. Les ouvrières, elles, mourront. Donc, il est inutile de tout démolir (le nid). »

Un scénario aussi envisagé par le résident de la rue des Mélèzes.

« Je n’ai pas l’intention de faire appel à un exterminateur. Je ne suis pas inquiet. Au début de décembre, le nid finira par tomber. Je ne suis pas nerveux par rapport à la présence des guêpes. Je fais beaucoup de randonnées terrestres dans les parcs et je côtoie les insectes. Ils veulent des larves, pas des humains. Je dirais même que ce sont les humains, avec la création des nouveaux développements de maisons, qui dérangent et déplacent les animaux et insectes ailleurs. »

Provenance

Les espèces de frelons ne sont pas d’origine nord-américaine, contrairement aux guêpes.

« Ce sont entièrement des espèces introduites ici. Souvent, les frelons se cachent dans les bateaux de marchandises et changent de continent. Dans quelques cas précis, il y a aussi des collectionneurs sans scrupules, qui importent illégalement et introduisent ici des insectes exotiques. Ils prolifèrent ensuite en s’échappant », affirme M. Drapeau-Picard.

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