Des élections fédérales bientôt? Peut-être
Par Simon Cordeau
À l’automne dernier, le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau a passé près de tomber à deux reprises, sauvé in extremis par le NPD. En 2021, les partis fédéraux se préparent déjà à de possibles élections, peut-être aussi tôt que ce printemps. Discussion avec Rhéal Fortin, député de Rivière-du-Nord et du Bloc québécois.
« Je n’en souhaite pas. On a de quoi s’occuper, avec la pandémie! » M. Fortin croit que les partis à Ottawa peuvent continuer de travailler ensemble et finir leur mandat de 4 ans. Il met toutefois un bémol. « Il ne faut pas non plus que les évènements deviennent des excuses pour ne plus travailler en démocratie. »
Le député bloquiste rappelle que le gouvernement libéral s’est attribué des pouvoirs extraordinaires pour gérer la crise, comme celui de gouverner par décrets. « Les Libéraux l’ont utilisé de façon abusive. Ils ont octroyé des contrats sans appel d’offre pour des centaines de millions de dollars, voire des milliards! » M. Fortin mentionne le scandale UNIS, qui a éclaboussé le Parti libéral l’été dernier, à titre d’exemple.
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En ce moment, la Chambre des communes est composée de :
155 députés libéraux
121 députés conservateurs
32 députés bloquistes
24 députés néo-démocrates
3 députés verts
3 députés indépendants
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Le pari de Justin Trudeau
Les sondages sont avantageux pour le Parti libéral, avec une confortable avance devant les Conservateurs. Le nouveau chef conservateur, Erin O’Toole, n’est en poste que depuis août dernier, et a eu peu de temps pour se faire connaître. Le NPD a soutenu les Libéraux à l’automne, suite à des concessions de ces derniers, mais aussi parce que Jagmeet Singh considérait que son parti était mal préparé pour des élections. Toutefois, cette collaboration fragile pourrait se terminer…
« Ça dépend beaucoup de M. Trudeau. C’est sûr que ça peut être tentant, aller chercher un gouvernement majoritaire. Plus le temps passe, plus il s’expose à se faire critiquer », analyse le député bloquiste. Que ce soit la gestion des frontières et des voyageurs, la dette grandissante ou la prestation canadienne d’urgence (PCU) sur laquelle il faudra bientôt payer des impôts (et que certains devront rembourser), le temps pourrait jouer contre M. Trudeau.
« Les risques que sa popularité aille en décroissance sont grands. Ça pourrait être suffisant pour déclencher des élections ce printemps, sinon à l’automne prochain », croit M. Fortin.
Les avantages d’un gouvernement minoritaire
Cependant, selon le député de Rivière-du-Nord, un gouvernement minoritaire sert mieux les intérêts des électeurs qu’un gouvernement majoritaire. Cela oblige le parti au pouvoir à négocier avec les partis d’opposition et à faire des compromis. « Tous les points de vue doivent être représentés », une composante essentielle à la démocratie, insiste M. Fortin.
Le député du Bloc québécois croit d’ailleurs que son parti est en bonne position pour maintenir les 32 sièges qu’il occupe à la Chambre des communes, peut-être même pour faire des gains. « Moi j’ai confiance, je suis satisfait du travail que notre caucus a fait. » M. Fortin vante la représentation que son parti donne aux Québécois, par exemple dans les dossiers environnementaux et en foresterie. « Avoir des députés dont le seul mandat est de veiller aux intérêts et aux valeurs du peuple du Québec, c’est une maudite belle affaire! » Il prend garde, toutefois, d’être trop confiant. « En politique, ça peut changer vite! »
Une campagne en mode pandémie?
Comment les partis mèneront-ils une campagne électorale en pleine pandémie? « Ça, c’est la question à un million de dollars, que tout le monde se pose! » M. Fortin admet qu’il sera difficile d’atteindre les électeurs. « Il va falloir trouver une façon de faire passer des messages : ce qu’on n’a pas aimé du gouvernement, et ce qu’on propose. »
Le politicien d’expérience croit que la campagne passera beaucoup par les médias, la publicité et les pancartes électorales (que lui-même déplore), plutôt que sur le terrain en rencontrant les électeurs. Les médias sociaux pourraient aussi jouer un rôle important, mais les électeurs seront-ils au rendez-vous pour écouter les candidats?
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Selon le site web Qc125.com, qui fait des projections statistiques basées sur les tendances électorales, l’évolution démographique et les sondages politiques, si des élections fédérales avaient eu lieu le 10 janvier 2021, le vote aurait été de :
- 36,3 % (± 4,7 %) pour le Parti libéral du Canada (PLC)
- 29,6 % (± 4,1 %) pour le Parti conservateur du Canada (PCC)
- 19,1 % (± 3,8 %) pour le Nouveau Parti démocratique (NPD)
- 6,9 % (± 1,0 %) pour le Bloc québécois (BQ)
- 6,3 % (± 1,1 %) pour le Parti vert du Canada (PVC)
Au Québec, la projection est la suivante :
- 36,5 % (± 5,0 %) pour le PLC
- 29,5 % (± 4,1 %) pour le BQ
- 16,3 % (± 2,8 %) pour le PCC
- 11,6 % (± 2,7 %) pour le NPD
- 5,1 % (± 0,8 %) pour le PVC