(Photo : Nordy - Sébastien Fleurant)
L'intersection de la montée de l'Église et du chemin de la Rivière-du-Nord compte en moyenne 10 000 passages de véhicules par jour.

Depuis 10 ans, le MTQ repousse des travaux à Saint-Colomban

Par Aurélie Moulun

La Ville de Saint-Colomban a appris que le Ministère des Transport et de la mobilité durable (MTQ) repoussait encore deux ans des travaux attendus depuis 2014.

Le 14 juillet 2013, un accident mortel impliquant un cycliste et deux véhicules a eu lieu. L’accident s’est produit à l’intersection de la montée de l’Église et du chemin de la Rivière du Nord. La portion en question de la montée de l’Église est sous la juridiction du MTQ.

À la suite d’une enquête du bureau du coroner en 2014, celui-ci recommandait le réaménagement de l’intersection, lit-on dans un communiqué signé par Geneviève Guilbault. La Ministre des Transports actuelle était à l’époque Responsable des communications pour le Bureau du coroner.

Finalement, 10 ans après l’accident, les travaux n’ont toujours pas été entamés. Le 18 janvier dernier, l’équipe de la Ville a rencontré des membres du MTQ et ces derniers leur ont annoncé le report des travaux en 2025.

Un report des travaux qui reste injustifié

En octobre 2022, lors d’une séance du conseil, Xavier-Antoine Lalande, maire de Saint-Colomban, expliquait que la priorité du MTQ était que « les chemins de détours soient conformes ». Ainsi, le Ministère a procédé à la réfection de deux ponts, notamment pour augmenter la capacité de support de charges. « Donc il y avait toute cette planification qui a forcé le Ministère à reporter les travaux. Mais là, il n’y a plus de raison, sauf celle de considérer que c’est une urgence », disait le maire.

Aujourd’hui, M. Lalande ne s’explique pas le report des travaux. « Mon équipe a eu une rencontre générale et, on ne sait pas pourquoi, ils nous ont annoncé le report des travaux. Ils ne nous ont pas donné de raisons, ils n’ont rien justifié », indique le maire.

« Pourtant, on a été bons joueurs. On a trouvé intelligent que le MTQ décide de réparer les ponts avant de procéder aux grands travaux. On est conscient des délais administratifs et on les comprend. Mais là ça fait quatre ans qu’on les comprend et que rien ne se fait », dit-il.

Des informations contradictoires

M. Lalande déplore le manque de suivi dans ce dossier. À titre d’exemple, il indique que la Ville avait eu « une rencontre en avril 2022. Le MTQ nous avait dit à ce moment que le certificat d’autorisation avait déjà été déposé. Et là en janvier 2023, on nous dit qu’il a été déposé en décembre 2022 », déplore le maire. « On est vraiment tannés de se faire dire n’importe quoi. »

D’ailleurs, un autre exemple de contradiction a fait sursauter le Maire. Après une demande d’information auprès du MTQ concernant cette intersection, le Journal a été mis en contact avec Samantha Saroufim, conseillère en communication à la direction générale du MTQ pour les Laurentides et Lanaudière. Elle indique entre autres que « la limite de vitesse de 70 km/h [à l’intersection] a été maintenue puisqu’elle correspond à l’environnement routier ».

Pourtant, Xavier-Antoine Lalande affirme que « la limite de vitesse est descendue à 50 km/h en 2017 à l’intersection ». « C’est la preuve qu’ils ne sont tellement pas au courant du dossier ! », lance-t-il.

Dans un second échange de courriels, Mme Saroufim a toutefois rectifié cette information.

À qui les dernières acquisitions ?

D’après Mme Saroufim, il ne resterait à procéder qu’à quelques acquisitions avant de pouvoir entamer le projet. En 2020, quelques-unes d’entre elles aurait été réalisées. Le MTQ aurait toutefois rencontré certains enjeux. Ceux-ci concernaient notamment « l’acquisition immobilière, en lien avec l’intégration d’une piste cyclable dans le projet », explique-t-elle. Cela aurait ainsi mis en pause le processus.

Le Ministère aurait finalement conclu qu’il ne pouvait procéder lui-même aux acquisitions pour une piste cyclable, soutient-elle. Mme Saroufim ajoute que les acquisitions « seront prises en charge par la Ville ». D’ailleurs, les discussions entourant cet enjeu se sont terminées en automne 2022, d’après elle.

De son côté, M. Lalande souligne plutôt que la Ville n’a pas été mise au courant de sa responsabilité envers les acquisitions pour la piste cyclable. « Si nous l’avions su à l’automne 2022, ça serait déjà fait. Les expropriations, ça nous prend 90 jours à faire, et ensuite, on est propriétaire », indique-t-il. « On avait déjà proposé, en 2020, au MTQ de s’occuper des expropriations. On savait que ça irait plus vite. Mais il n’a pas voulu que l’on s’en occupe », soutient le maire.

Le maire a d’ailleurs assuré au Journal qu’il passera une résolution au cours de la séance du conseil municipal de février afin de faire une demande officielle au MTQ. « Nous voulons un chargé de projet à temps plein sur le dossier pour que l’on arrête de se faire dire n’importe quoi et que ça change en fonction de qui s’occupe du dossier. Nous voulons que ça avance, ce n’est pas compliqué », lâche M. Lalande. Il demandera également que la Politique de gestion de suivi des accidents mortels soit bien appliquée.

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