De Sainte-Agathe au lac Raymond, la rivière du Nord sera encore plus propre
Par Simon Cordeau
Une nouvelle étude de Fondation Rivières révèle plusieurs sources de contamination de la rivière du Nord, entre le lac Brûlé à Sainte-Agathe-des-Monts et le lac Raymond à Val-Morin. Les municipalités du territoire sont déjà en action pour corriger ces sources et améliorer la qualité de l’eau, précise Philippe Maisonneuve, chargé de projet pour Fondation Rivières.
« De façon générale, la qualité de l’eau est bonne, et elle est encore meilleure dans le lac Raymond. Somme toute, c’est un portrait assez enviable par rapport au reste de la rivière », estime M. Maisonneuve. Il reste cependant du travail à faire pour que les sources de contamination identifiées soient éliminées.
Raccordements inversés
La source de contamination la plus importante est l’émissaire Brissette, à proximité de la station d’épuration de Sainte-Agathe-des-Monts. L’origine serait plusieurs raccordements inversés le long de la conduite qui s’y déverse. C’est-à-dire que des eaux non traitées sont déversées directement dans la nature.
« Nous avons avisé la Ville à la fin du mois d’août. Suite à ça, elle a embauché une firme externe pour valider nos observations », explique M. Maisonneuve. La firme a déjà fait des observations préliminaires cet automne, puis reviendra l’année prochaine. Elle identifiera et corrigera les raccordements inversés. Toutefois, il y aurait « peut-être d’autres problèmes dans le réseau », selon ses observations, comme un problème d’infiltration, ajoute M. Maisonneuve.
Débordements
Lors de fortes pluies, il y a aussi des débordements dans le réseau de Sainte-Agathe-des-Monts, ce qui amène le déversement d’eaux non traitées dans la rivière. Cela serait dû au fait que la Ville a un réseau d’égout unitaire, où les eaux usées et pluviales sont combinées. L’étude recommande donc de « diminuer les volumes d’eaux usées débordés à Sainte-Agathe-des-Monts en période de fortes pluies », afin d’atteindre les objectifs environnementaux de rejets établis par le ministère de l’Environnement.
Des concentrations anormalement élevées de coliformes fécaux ont aussi été détectés à l’effluent (ou à la sortie) de la station d’épuration de Sainte-Agathe-des-Monts, révèle l’étude. « C’était dû à une usure des lampes ultraviolettes, qui désinfectent. Au printemps 2023, la Ville a procédé à leur remplacement. Depuis les résultats sont meilleurs », explique M. Maisonneuve en entrevue.
Fosses septiques
À Val-David, la source de contamination la plus importante semble être des installations septiques non conformes ou vieillissantes. « On dénombre plus de 300 installations septiques âgées de plus de 40 ans sur le territoire de la Municipalité », rapporte l’étude. Cependant, la Municipalité n’inspecte qu’environ six installations par année. « Le programme d’inspection a commencé cette année. C’est tout nouveau, tout est à faire », explique M. Maisonneuve.
Par exemple, en 2022, une inspection de 70 installations septiques dans le secteur de la montée Predeal-Trudeau a révélé que plus de la moitié des installations étaient déficientes, et près du tiers présentaient des rejets visibles en surface. Ainsi, la Municipalité a pris la décision de raccorder les résidences au réseau d’égout. Cela devrait être complété d’ici le 30 juin 2024, indique l’étude.
Mais une autre source de contamination provient du ruisseau Doncaster et l’hypothèse la plus probable est, là aussi, des fosses septiques. Cette source est toutefois plus difficile à établir. « Une fosse septique qui fuit, c’est très variable selon son utilisation, la perméabilité du sol et sa saturation, etc. C’est plus diffus », précise M. Maisonneuve. La Municipalité de Val-David devrait donc accélérer les inspections, recommande l’étude.
M. Maisonneuve souligne que la conformité des fosses septiques est très peu encadrée. « La seule obligation des municipalités, c’est de s’assurer que la vidange est faite. Elle demande un reçu. Et au moment de la vidange, il y a une inspection visuelle très sommaire. C’est pas mal le seul suivi, au Québec », déplore-t-il.
En aval
Au lac Raymond et à sa sortie, la qualité de l’eau est généralement suffisamment bonne pour la baignade.
En août, Fondation Rivières avait publié une étude sur la rivière du Nord entre Sainte-Adèle et Saint-Jérôme. On avait identifié plusieurs sources de contamination, et les municipalités s’étaient mise en action rapidement pour les corriger.
En début d’année 2024, Fondation Rivières publiera une étude sur le tronçon de la rivière du Nord entre Mirabel et Saint-André-d’Argenteuil. « Plus bas, il y a plus de pression agricole. La pollution est diffuse et c’est plus difficile d’en identifier la source », révèle M. Maisonneuve.