De la lumière au bout de l’automne?
Par Charlier Mercier
En attendant la réforme importante des services de garde éducatifs à l’enfance qui devrait être mise en branle cet automne par le gouvernement québécois, des parents sont à bout de souffle pour trouver une place dans les Laurentides. La « génération 2 » de la Place 0-5 pourrait être l’une des clés pour améliorer le système.
La Prévostoise Kim Bergeron n’a toujours pas trouvé de place en garderie pour sa fille de 14 mois, et ce, même si elle a inscrit son enfant dès sa grossesse. Depuis que son congé de maternité a pris fin, elle doit s’occuper de sa fille à la maison, en même temps que de télétravailler. « C’est faisable, mais épuisant », souffle la mère qui ne peut se permettre un congé sans solde. « Il n’y a aucune mesure pour les femmes qui ne peuvent retourner au travail faute du manque de place en garderie », déplore la mère dont l’enfant est inscrit sur plusieurs listes d’attente.
Décevant et frustrant
Cynthia Laurin habite à Prévost et travaille à Laval. Après avoir inscrit son enfant sur des listes d’attente dans les villes de Saint- Jérôme, Prévost, Saint-Sauveur et Mirabel, elle n’a trouvé qu’une place, à Laval. L’une des garderies de Prévost qu’elle avait contactée lui a indiqué qu’elle était la 250e sur la liste.
Elle déplore le fait que son enfant de 11 mois doive être assis environ une heure et demie par jour pendant qu’elle conduit dans le trafic. « C’est décevant et frustrant », lance la mère qui considère que le temps de transport diminue le temps familial de son bambin. « Les transports le fatiguent. En plus, il doit se réveiller plus tôt », explique Mme Laurin, qui quitte son domicile à 6h pour revenir à 16h30.
Des parents « désespérés »
« Cette année en particulier, on a eu plusieurs courriels de parents désespérés [qui cherchaient une place pour leur enfant] », rapporte Louise Lafleur directrice générale du Centre de la petite enfance (CPE) Les Milles Pattes, à Saint-Jérôme.
Mme Lafleur avance que 1 445 enfants sont sur leur liste d’attente pour obtenir une place dans l’un de leurs deux centres, qui compte un total de 160 places. Il faut cependant savoir que des parents peuvent inscrire leurs enfants sur plusieurs listes d’attentes. C’est pourquoi il est difficile de savoir combien d’entre eux sont à court de ressources.
Le CPE s’occupe également d’un service de garde en milieu familial offrant des services à plus de 800 enfants à Saint-Jérôme.
« Toujours complets »
Le CPE Val des Neiges à Morin-Heights accueille 57 enfants et est « toujours complet ». Chaque mois d’avril, le centre accueille une trentaine d’enfants inscrits sur la liste d’at-tente de La Place 0-5. Même si les parents doivent obligatoirement passer par cet organisme pour obtenir une place, certains contactent directement le Centre de Morin-Heights.
« Il y a des parents qui essaient toute sorte de choses pour avoir une place avant les autres », confie la directrice de l’établissement. Des parents désespérés ont même voulu la payer plus cher pour avoir la priorité.
« Certains nous disent : “Je suis mal pris, je viens de déménager et je ne trouve pas de place nulle part. Je dois travailler.” Mais on ne peut rien faire. Il faut vraiment passer par La Place 0-5. »
Un passage obligé
La Place 0-5, gérée par la Coopérative Enfance Famille, est le guichet unique par lequel les parents québécois peuvent obtenir une place en installation ou en milieu familial. En raison d’une entente avec le minis-tère de la Famille, la coopérative ne peut divulguer de statistiques sur les listes d’attente, ni aux journalistes, ni aux parents.
« En ce moment, il y a un manque criant de places dans plusieurs régions du Québec », affirme Fannie Couture, directrice des communications chez la Coopérative Enfance Famille.
Dans la proposition de « génération 2 » qu’elle a déposée le 1er juin au ministère de la Famille, la coopérative réclame le droit d’afficher publiquement ces données sur leur site Web. Cela permettrait de mieux informer les parents sur la probabilité qu’ils aient une place dans un établissement à un moment donné, en plus de leur offrir une seule méthode d’accès, peu importe le type de service de garde.
Selon la Coopérative Enfance Famille, cela aiderait également à mieux arrimer l’offre et la demande, notamment par rapport aux besoins de fréquentations, comme l’horaire de garde, l’âge et la région des bénéficiaires.
Un projet de loi attendu
Après des consultations d’avril à juin dernier concernant les services de garde éducatifs à l’enfance, le gouvernement caquiste promet de déposer cet automne un projet de loi et un livre blanc pour entamer ce qu’il qualifie de la « plus importante réforme depuis la création du réseau ».
Cette réforme devrait simplifier la bureaucratie afin d’assurer la création plus rapide de nouvelles places et ainsi pallier le manque de 37 000 places à l’échelle du Québec.
« Les parents souhaitent des places pour leurs tout-petits, mais aussi pour pouvoir réintégrer le marché du travail en ayant l’esprit tranquille », affirme le député caquiste de Saint-Jérôme Youri Chassin.
« À un moment où on a besoin de gens sur le marché du travail, c’est d’autant plus important et pertinent. C’est pour ça que le gouvernement est aussi hyperactif pour que l’on complète le réseau. »