(Photo : Nordy - Davy Lopez)
Avant la cessation des services, des cours de francisation étaient offerts au Centre de formation générale des adultes des Cimes, à Sainte-Adèle.

Coupures en francisation au CSSL : Plus de 140 élèves écopent

Par Ève Ménard

À compter du 6 décembre, le Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL) mettra fin à ses services de francisation aux adultes, faute de financement et en raison des récentes contraintes budgétaires. Plus de 140 élèves ne pourront pas terminer les cours qu’ils avaient entamés. Et une dizaine d’enseignantes et d’enseignants sont également affectés. Les cours de francisation étaient offerts au Centre de formation générale des adultes des Cimes, à Sainte-Adèle et à Mont-Tremblant.

Les élèves ont été informés de la situation et dirigés vers des organismes de la région et des services gouvernementaux pour assurer une transition et une continuité dans leur apprentissage, indique le CSSL. La situation préoccupe également le Syndicat de l’enseignement de la Rivière-du-Nord (SERN) et nécessite de mobiliser des ressources à différents endroits dans les Laurentides.

Manque de financement

Le financement pour les élèves en francisation est octroyé en fonction du nombre d’élèves qui fréquentaient les services en 2020-2021. Or, la situation a beaucoup changé dans les Laurentides depuis quatre ans. « Premièrement, on était en pleine pandémie, donc il y avait beaucoup moins de cours qui se donnaient. Aussi, il fut une époque où l’immigration était toujours centrée à Montréal. Maintenant, depuis quelques années, on en a de plus en plus en région. Donc c’est sur que le financement de 2021 est nettement insuffisant », explique Jean-Stéphane Giguère, président du SERN.

Les enseignants en francisation que le Syndicat de l’enseignement de la Rivière-du-Nord représente sont également inquiets, rapporte monsieur Giguère. Présentement, le Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN) maintient ses services en francisation aux adultes pour les étudiants actuels. Par contre, il ne prend pas de nouvelles inscriptions, précise le CSSRDN. Il y a six groupes à Saint-Jérôme et un à Lachute.

« Ceux qui avaient déjà commencé, il [le CSSRDN] les laisse terminer. Quand il n’y aura plus assez d’élèves, ils vont fermer certains groupes, ils vont les regrouper. Chez nous, ça baisse graduellement à mesure que ceux qui sont là présentement terminent leur formation », explique monsieur Giguère. Les enseignants et les enseignantes sont donc préoccupés, car à mesure que les élèves quittent, ils vont perdre leur poste, ajoute le président du SERN.

Les nouveaux arrivants « abandonnés »

Le Coffret, situé à Saint-Jérôme, reçoit et accompagne des élèves du CSSL qui ont écopé de la cessation des services. Du moment où les cours de francisation cessent, il n’y a pas d’autres options, indique Line Chaloux, directrice de l’organisme qui aide les nouveaux arrivants à s’établir dans les Laurentides.

Line Chaloux, directrice générale du Coffret, qualifie les récentes coupures en francisation d’«épouvantables ».

Le Coffret offre des ateliers de francisation seulement deux demi-journées par semaine. Ceux-ci sont donnés par des bénévoles. « Beaucoup de personnes se retrouvent en détresse, parce qu’elles avaient l’objectif d’être en intégration et de pouvoir suivre des apprentissages. Et nous, on n’a pas plus de budget pour payer des professeurs », déplore Line Chaloux. Même si le Coffret voulait augmenter son offre en francisation, ce serait donc impossible.

Selon Mme Chaloux, la situation est « incompréhensible », surtout considérant l’emphase que le gouvernement a mise sur l’importance d’apprendre le français. Depuis l’annonce de coupures en francisation, l’organisme tente, du mieux possible, d’accompagner les nouveaux arrivants qui font appel à leurs services et de défendre leurs droits. « Dans bien des cas, ils ne savent ni lire ni écrire, donc ne sont pas à même de faire les démarches pour avoir accès à leurs droits, entre autres au niveau de l’aide financière », explique Line Chaloux.

Elle rappelle aussi que les nouveaux arrivants ont des loyers à payer et souvent des familles et des enfants à nourrir. « Je pense qu’on pourrait même dire qu’ils sont abandonnés », affirme Line Chaloux. « Ils sont abandonnés dans leur détresse et dans leur manque de ressources. »

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