Zale Seck : du Sénégal aux Laurentides
Par Journal-le-nord
Festival du monde
Zale Seck est auteur, interprète, compositeur, percussionniste et guitariste. Connu sur la scène musicale sénégalaise, il a décidé de s’installer au Québec en 2001.
Musicien d’une lignée de griots de l’ethnie Lébou, il a débuté très jeune l’apprentissage des instruments de percussion, sabar et djembé. Zale avait déjà fait des tournées un peu partout au Québec lorsqu’il rencontre Line Chaloux, la directrice générale du COFFRET pour mettre en place un festival à Saint-Jérôme. Ainsi est né le Festival du Monde.
Pourquoi le Festival du Monde ?
Un jour, alors que mes amis organisaient des festivals un peu partout au Québec et y apportaient leur culture, j’ai réalisé qu’il n’y avait rien ici. Ça faisait des années que je vivais à Saint-Jérôme et j’ai appelé la ville pour leur dire que je voulais moi aussi faire connaître ma culture. Ils m’ont dit qu’ils étaient d’accord, mais qu’il fallait que je fasse affaire avec le COFFRET, avec Line Chaloux. Je l’ai appelé et ça a cliqué tout de suite. Elle est venue à la maison, on a fait un petit meeting et le festival a commencé comme ça, il y a douze ans. Ce n’était pas compliqué, tout était au rendez-vous!
Quel a été votre rôle dans l’accueil des nouveaux arrivants ?
Line me disait que j’étais l’immigrant le plus intégré à Saint-Jérôme! À chaque fois qu’il y a de nouveaux Africains qui arrivent, elle leur dit d’aller me demander des conseils. Je leur partage de bonnes idées au niveau de l’intégration. Ma mère me disait : « Quand tu vas quelque part dans une maison, une ville ou un pays et si tu trouves les gens pieds nus, enlève tes chaussures! »
Quelles sont vos racines ?
Je suis né au Sénégal, dans la caste des griots, une caste de musiciens de pères en fils. Du temps de mes arrières grands-pères, il n’y avait pas de radio. Ils faisaient donc les annonces pour les cérémonies à venir et le jour J tout le monde était au rendez-vous! C’est pour cela qu’on dit que lorsqu’un griot meurt, c’est toute une bibliothèque qui disparaît.
Comment êtes-vous arrivé au Québec ?
Un jour j’ai accueilli au Sénégal un voyageur québécois de Roberval. Quand il est arrivé, il n’avait plus d’argent, on lui avait tout volé, on l’a amené chez moi, car il voulait rencontrer un musicien. Je l’ai accueilli et hébergé. Deux semaines après, il me demandait si je voulais venir au Québec. On est allé à l’ambassade pour les papiers et ça a commencé comme ça. On est arrivé ensemble. J’étais venu pour deux mois et demi et ça fait 19 ans que je suis là!
Que faites-vous aujourd’hui ?
Je fais énormément de festivals et je donne des ateliers dans les écoles pour parler des valeurs et de la culture de mon pays. Je donne des cours de djembé à Saint-Jérôme, Prévost, sur la Rive-Sud, je me promène avec mon tam-tam.
Quelle est la richesse du djembé ?
Ici les gens sont stressés. Après le travail, ils viennent pour relaxer et apprendre aussi de ma culture, ce n’est pas juste donner des cours de djembé. En Afrique, au Sénégal, on n’est pas pressé, c’est relax. Même la personne qui est pauvre a le sourire, la vie est belle! Apprendre à maîtriser le stress, c’est ça que je partage et ça fait du bien aux gens.
Quelle est votre philosophie de vie ?
C’est le partage, voilà ce qui est le plus important. Tout ce qu’on a, on le laisse ici, on n’apporte rien avec nous!
Ses coups de cœur
Saint-Jérôme fait partie de mes coups de cœur. J’ai vu la ville changer et se développer. Et ici le COFFRET est comme ma maison. Et j’aime beaucoup les Laurentides. À Val-David, j’ai aussi vécu une belle histoire. Quand je suis arrivé ici, j’ai joué avec Mathieu Mattieu. C’était à mes tous débuts. J’ai été beaucoup aidé et soutenu moralement. Quand je retourne à Val-David, c’est comme un pèlerinage!