Un jeune Jérômien sur les lieux des deux guerres mondiales
Par Simon Cordeau
Après avoir emporté le prix Vimy Beaverbrook, le Jérômien Ian-Loïc Doré, 19 ans, s’est envolé pour l’Europe le 8 août dernier. Jusqu’au 20 août, il visite la Belgique et la France avec la Fondation Vimy, pour étudier l’histoire des deux guerres mondiales et leur impact, toujours présent aujourd’hui.
« Aujourd’hui, on a visité la colline 60, près d’Ypres. On voit les cratères causés par les explosions, comment le sol est resté déformé par les combats. C’est assez frappant. » Ian-Loïc m’appelle de Belgique, après une longue journée de visites. Son itinéraire est chargé et exigeant, alors qu’il voit en personne les lieux où se sont déroulées les batailles les plus violentes et meurtrières de l’Histoire.
« On visite beaucoup de cimetières et de mémoriaux, des vestiges de champs de bataille, beaucoup de musées, des villes victimes de la guerre, pour voir l’importance que ç’a eu, les efforts des pays, en particulier l’effort canadien, durant ces guerres mondiales. »
L’étudiant se rendra au mémorial de Vimy (voir encadré) et à Juno Beach aussi, pris d’assaut par 15 000 Canadiens et 8 000 Britanniques lors du débarquement de Normandie. Il sera également à Dieppe pour assister aux cérémonies du 80e anniversaire de l’opération Jubilee, le 19 août 1942, où plus de 900 soldats canadiens ont été tués et presque 2 000 ont été faits prisonniers. « Il y aura la présence de vétérans de la Deuxième Guerre mondiale. Parfois, c’est assez demandant émotivement. Mais ça reste qu’on se sent grandi à travers de ça », confie le jeune homme.
Voir et comprendre
Ian-Loïc Doré a remporté le prix Vimy Beaverbrook en 2020. « La COVID nous a mis sur pause. On était censés partir en 2020. Mais en discutant entre nous, le message qui ressort c’est qu’on se sent beaucoup plus matures face à ce qu’on voit. On peut mieux comprendre à quel point c’était un conflit violent, des deux côtés. Que c’était triste, aussi », témoigne-t-il.
Pour sa candidature, le Jérômien a présenté une dissertation de recherche sur les impacts environnementaux de la Première Guerre mondiale en Europe. Plusieurs sont encore apparents aujourd’hui et ne disparaitront probablement jamais, explique-t-il, comme à la colline 60. « On marche constamment sur un sol inégal, qui contient en-dessous des obus non-explosés, des soldats qui n’ont pas été découverts. »
« Les fermiers d’Ypres, qui est très rural, retrouvent encore des obus. Ils appellent le centre qui s’en occupe, et on vient les récupérer de manière sécuritaire pour les désarmer », illustre-t-il.
Les combats ont été si violents et destructeurs qu’ils ont chamboulé des éco-systèmes entiers. « Ce qui m’a vraiment impressionné, c’est qu’à la fin de la Première Guerre, les Allemands étaient chargés de replanter les zones détruites. Mais ils n’avaient pas de consignes, donc ils ont créé de nouveaux écosystèmes qui n’existaient pas avant, par exemple en plantant une forêt de conifères plutôt que des feuillus. »
Surtout, plusieurs terres contaminées sont toujours inexploitables aujourd’hui. « Il y a plein de plomb, d’arsenic et de matériaux qui empêchent la vie de reprendre ses droits. Ce sont des plaies ouvertes par la guerre. Et aujourd’hui il reste des cicatrices. »
Apprendre et transmettre
Ian-Loïc fait partie d’une cohorte de 15 étudiants pour ce voyage éducatif. « On est 14 Canadiens et 1 Français. Je suis le seul Québécois du groupe. » Cela permet donc aussi d’échanger sur les différentes perspectives des participants, explique-t-il. « On dirait qu’on apprend autant sur l’histoire des guerres que sur l’histoire et la culture actuelles de notre grand pays. »
À son retour, Ian-Loïc sera un ambassadeur de la Fondation Vimy, et il partagera ce qu’il a vu et appris. « La Fondation souhaite qu’on soit des vecteurs d’information par rapport aux guerres mondiales et à l’effort canadien. » Il pourra ainsi garder vivante la mémoire des guerres et de leurs victimes.
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Vous pouvez suivre Ian-Loïc Doré en Europe jusqu’au 20 août, via sa page Facebook Expérience Vimy Beaverbrook Ian-Loïc Doré.
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La bataille de la crête de Vimy se déroule du 9 au 12 avril 1917. C’est la première bataille où les quatre divisions du Corps canadien combattent ensemble. Durant les quatre jours de combat, 3 598 soldats canadiens perdront la vie et 7 000 seront blessés. « Le 9 avril 1917 reste le jour le plus sanglant de l’histoire militaire canadienne », selon le site web de la Fondation Vimy.
En plus d’être une victoire stratégique sur le terrain, cette bataille démontre que les troupes du Canada, alors encore une colonie britannique, peuvent être aussi courageuses, efficaces et fiables que leurs alliées, réussissant là où les soldats français et britanniques avaient échoué.