(Crédit photo: Steve Caron)

Tire le coyote : «Une chanson ne peut vivre qu’en présence des autres»

Par Marie-Catherine Goudreau

Tire le coyote, nom de scène de Benoit Pinette, est de retour sur scène avec son nouvel album : Au premier tour de l’évidence. Il sera de passage à Saint-Jérôme au Théâtre Gilles-Vigneault le samedi 14 mai.

Cet album est bien particulier pour l’artiste puisque toute la création s’est faite en campagne, alors que Benoit Pinette s’y est installé durant la pandémie. Les morceaux reflètent l’ambiance du village où il habite à temps partiel, Saint-Élie-de-Caxton : sa lenteur, son calme et le sentiment de liberté.

« Ç’a grandement influencé mon processus de création, et même mon approche face au métier, ce que je souhaite en faire », explique Benoit Pinette, en entrevue avec le Journal. De l’écriture à l’enregistrement en studio, en passant par la composition, tout s’est fait sur une longue période de temps, « à coups de petites sessions », souligne l’artiste. « Ça m’a permis d’aller au bout de mes idées. J’ai constaté les bienfaits de la lenteur. Je me suis questionné sur ce que j’aimais et je suis beaucoup plus à l’écoute de ce dont j’ai envie. »

Au premier tour de l’évidence est le septième album de Tire le coyote.
Au premier tour de l’évidence est le septième album
de Tire le coyote.

Les projets s’enfilent pour Benoit Pinette, alors qu’il a publié l’année dernière son premier recueil de poésie, La mémoire est une corde de bois d’allumage. « Pour moi, chaque projet est le résultat du précédent », dit-il. D’ailleurs, le titre de ce recueil provient d’une phrase du refrain de la huitième chanson de l’album, Matière première.

« Donne-moi la substance que l’histoire

Ne brûlera pas sur son passage

Tu dois bien savoir notre mémoire

Est une corde de bois d’allumage

Et la vie une porte battante »

L’amour du public

Après tout ce temps passé en campagne, Tire le coyote est de retour sur la scène depuis le mois de mars.

« Je n’ai jamais autant savouré les spectacles. On a du plaisir sur scène avec le band. On sent aussi que les gens sont beaucoup plus investis, ils se sentent choyés de retrouver les spectacles », se réjouit l’artiste.

Ce partage entre l’artiste et le public est primordial selon lui. « Une chanson ne peut vivre qu’en présence des autres. Ce partage intime est super important pour la vie d’une chanson. On a beau faire l’album tout seul dans son coin, l’album prend vie en spectacle », souligne Benoit Pinette.

Dans son dernier album, l’amour prend encore une grande place. Pour Tire le coyote, c’est un « défi personnel » de traiter ce thème d’une manière différente. « C’est facile d’écrire des chansons tristes. Mais on n’a jamais trop d’amour et d’entraide dans un contexte social où tout le monde est divisé. L’amour est comme un remède à cette espèce de bêtise humaine. » Il voit l’amour dans son sens large : l’amitié, la compassion, l’empathie, la conscience de l’autre.

L’apport des autres

Lors de ce moment en campagne, un autre projet est né avec Jeannot Bournival : Le temps des autres, un album de reprises de chansons québécoises.

« C’était un test pour voir si on travaillait bien ensemble. Et tout de suite après qu’on ait fini ce projet, je l’ai approché pour qu’il co-réalise mon album. Son apport a été grand dans le processus », explique Benoit Pinette.

Cette collaboration lui a permis d’essayer des arrangements, une chanson à la fois, avant même d’avoir un album, chose qu’il ne faisait pas avant.

D’autres morceaux ont été fortement influencés par les œuvres de Robert Lalonde. Par ailleurs, il est le seul autre parolier de l’album. Durant la pandémie, Benoit Pinette a lu une douzaine de ses livres. « Ça m’a marqué », dit-il. « J’ai cette impression qu’il écrit pour les mêmes raisons que moi : mieux comprendre le monde dans lequel il vit, donner un sens à ses blessures et ses souffrances. Par son œuvre, il m’expliquait ce que j’essayais de faire », raconte l’artiste. Ainsi, c’est à partir d’une correspondance qu’est né Nous brûlons jusqu’aux os, une chanson co-écrite par Tire le coyote et Robert Lalonde.

À notre surprise, ce n’est pas la voix bien particulière de Benoit Pinette qu’on entend à la première chanson de l’album. C’est plutôt celle de la poète Joséphine Bacon.

« Elle a une voix qui m’avait marqué, un pouvoir d’évocation. Quand j’ai écrit ce texte, j’ai pensé à elle. Je trouvais que c’était tant de beauté que j’avais envie d’ouvrir l’album avec elle. C’est comme si la voix de Joséphine était la porte d’entrée sur mon monde. »  On retrouve aussi d’autres voix féminines sur l’album, comme celle de Katie Moore, « une des plus grandes chanteuses du Québec », affirme Benoit Pinette.

Pour acheter des billets, visitez le site du Théâtre Gilles-Vigneault.

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