Laurence Nerbonne: En plein contrôle
Par Ève Ménard
La très talentueuse Laurence Nerbonne sera de passage à l’Amphithéâtre Rolland de Saint-Jérôme le 17 juillet prochain. Sa musique festive et rafraichissante laisse présager un spectacle électrisant pour débuter les vacances.
L’artiste en profitera notamment pour promouvoir les chansons de son plus récent album, OMG. Depuis sa sortie en février dernier, les réactions sont extrêmement positives et sa musique rejoint un public de plus en plus diversifié. « Je n’ai jamais eu autant de gars qui m’écrivent des messages, qui trippent sur les chansons », se réjouit Laurence.
L’équilibre parfait
En effet, il est très difficile de ne pas apprécier les beats accrocheurs et festifs qu’on retrouve sur l’album. Celui-ci réussit à trouver l’équilibre parfait entre une musique à la fois divertissante et engagée. C’était justement l’objectif. « Je ne voulais pas que ce soit de la pop vide qui ne dit pas grand-chose, mais je ne voulais pas non plus que ce soit mora-lisateur. »
C’est par moments léger, et d’autres fois plus revendicateur. Laurence Nerbonne parle tantôt de sorties entre amis, tout en lançant quelques flèches à l’intention du boys club en musique et certains clins d’oeil efficaces à la vague de dénonciation dans le milieu artistique. L’album a pour point commun d’offrir une musique assumée et libératrice, dont se dégage une confiance contagieuse.
On y entend une artiste sur son X, en plein contrôle de son art. Laurence Nerbonne a d’ailleurs entièrement réalisé, écrit et composé son album.
Du violon à la pop, du sport à la musique
Laurence n’avait que trois ans lorsque ses parents l’ont inscrite à des cours de violon. Elle en a joué pendant plusieurs années. « Ç’a développé assez vite mon oreille et mes réflexes en tant que musicienne. » Assez naturellement, Laurence s’est mise à jouer de la guitare et à composer des chansons. Puis, éventuellement, elle s’est familiarisée avec le travail sur ordinateur.
L’auteure-compositrice est aussi une sportive dans l’âme. Plus jeune, elle a joué au basketball pour les Nomades du Cégep de Montmorency, en plus de faire un été avec Équipe Canada. À un moment, consciente qu’elle n’était pas suffisamment performante pour en faire une carrière, elle a choisi de se retirer. « C’était un gros deuil pour moi », confie l’artiste. Heureusement, elle a pu retrouver l’adrénaline des compétitions sportives dans la musique et les spectacles.
La parité pour changer l’écosystème
Engagée dans sa musique, Laurence Nerbonne l’est tout autant en dehors du studio. En 2016, elle publiait chez Urbania une chronique dans laquelle elle dénonçait la culture du boys club en musique. Le 8 mars dernier, elle faisait partie des signataires d’une lettre demandant plus de représentation féminine sur les chaînes radiophoniques québécoises. Cinq années séparent ces deux sorties médiatiques. Les choses ont-elles changé?
« Pas vraiment », admet-elle. Au niveau des radios, du moins. L’artiste déplore que celles-ci continuent de faire tourner majoritairement des artistes masculins. De leur côté, les festivals offrent des programmations qui manquent de diversité. Certains d’entre eux se déculpabilisent, mentionne-t-elle, en incluant quelques femmes, mais à des heures défavorables. La roue est bien enclenchée : si les radios ne jouent pas certaines musiques, alors les gens ne connaissent pas les chansons des artistes. Ils seront alors moins enclins à acheter des billets, surtout si les spectacles ont lieu à des heures moins accommodantes.
« C’est un écosystème et malheureusement, il faudrait passer par une parité pour le changer. » Les gens craignent souvent le terme « quotas ». Mais pour Laurence, il s’agit d’un passage obligé pour qu’ultimement, « les choses deviennent naturelles. »
Paver le chemin au Québec
Elle-même se donne comme responsabilité de promouvoir certains artistes émergents, à partir de la tribune dont elle bénéfice. À titre d’exemple, pour des spectacles prévus à l’automne, Calamine, une artiste récemment élue parmi les révélations de l’année chez Radio-Canada, assurera la première partie de Laurence Nerbonne. « Je me suis jurée que je ferais ça pour aider quelqu’un que j’apprécie et que je respecte dans son art. […] J’ai plein de femmes qui me supportent autour de moi et je trouve ça valorisant de les supporter ensuite, à mon tour. » Les modèles d’artistes féminines assumées et idolâtrées aux États-Unis sont nombreuses. Il n’y a qu’à penser aux Cardi B, Megan Thee Stallion, Beyonce ou Nicki Minaj. Au Québec, le retard se fait sentir. « On n’est pas encore rendu là. Des femmes qui s’assument, c’est encore quelque chose dont on est surpris. » Mais Laurence Nerbonne est confiante que ça s’en vient tranquillement, surtout avec les plus jeunes générations.
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Les suggestions musicales de Laurence
• Le nouvel album de Doja Cat, surtout la chanson Kiss Me More
• Le plus récent album de H.E.R., parfait pour une petite soirée entre amis
• La musique de Megan Thee Stallion