Joël Monzée : À la lumière de la neuroscience
« Quand je serai grand, je vais expliquer aux adultes comment ça marche un enfant », se disait Joël Monzée lorsqu’il avait environ 5 ans.
Aujourd’hui docteur en neuroscience, psychothérapeute, conférencier et auteur d’une dizaine de livres, on peut dire qu’il réalise largement son objectif en intervenant auprès des enfants et des familles qui vivent des difficultés. Offrant des formations aux professionnels, éducateurs et parents, il apporte une meilleure compréhension du langage et du comportement de l’enfance.
Qu’est-ce que la neuroscience?
Les neurosciences ce sont les sciences qui étudient le cerveau. Donc vous pouvez autant avoir la psychologie que la médecine, notamment la neurologie, pour arriver à comprendre telle maladie que l’ergothérapie, la physiothérapie, l’intelligence artificielle. C’est l’ensemble des connaissances qui nous permet d’avoir des théories sur le fonctionnement du cerveau. Je trouve que c’est l’une des plus belles choses, car les neurosciences ramènent beaucoup d’humanité dans le processus éducatif.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous y intéresser?
J’ai grandi dans une famille dysfonctionnelle et, déjà à 5 ou 6 ans, j’étais conscient de l’écart entre ce que je vivais et ce que j’aurais pu vivre. Mon objectif a toujours été d’essayer de comprendre, autant ce décalage qui existe entre ce que les enfants vivent et ce que les adultes perçoivent que de mettre des mots sur ce que les enfants peuvent ressentir.
C’est donc votre propre expérience de vie qui vous aurait motivé à vous diriger vers cette profession ?
Je pense que oui et les quelques fois où j’aurais pu prendre une autre direction, par exemple au début de ma carrière universitaire, j’aurais pu rester dans ce monde là, mais les événements m’ont toujours ramené sur cet objectif que je m’étais donné vers l’âge de 5 ans. C’était tellement fort à l’intérieur de moi.
C’est ce qui a donné un sens aux difficultés vous viviez à cette époque?
Oui probablement. J’ai été animateur de camps d’été pendant des années et c’est certain que les interventions que je faisais ressemblaient déjà à ce que je fais aujourd’hui.
Donc j’ai validé comment on pouvait avoir une approche et être respecté d’un groupe d’enfants sans avoir besoin d’utiliser des rapports de force et de les brusquer.
Donc au fur et à mesure que le temps a passé, j’ai ajouté des compétences en psychologie, en pédagogie, en neuroscience pour arriver à comprendre ce qui se passait dans le cerveau de l’enfant ou dans le mien quand je suis en train de faire une intervention.
Quelle est votre plus grande découverte?
Je dirais qu’actuellement la psychologie a tendance à se perdre beaucoup dans les processus cognitifs, c’est-à-dire l’intellect, l’intellectualisation. Dans mon travail, j’ai exploré la puissance des émotions et comment est-ce qu’on peut les apprivoiser, les canaliser pour en faire quelque chose de constructif. Je pense que une des raisons pour laquelle il y a autant d’enfants qui sont diagnostiqués avec un trouble, par exemple le TDAH, c’est parce qu’on se centre trop sur l’intellect et on en oubli l’émotif et l’anxiété de l’enfant.
Quels objectifs souhaiteriez-vous atteindre ?
C’est de ramener l’humanité, la singularité et la beauté de l’être humain. Même si celui-ci peut parfois vivre des choses très difficiles ou peut même éventuellement agir de manière très dure, de ramener l’être humain, est pour moi essentiel .
Coups de cœur dans les Laurentides
J’aime les montagnes. Lorsque je descends de Sainte-Agathe pour aller vers Saint-Sauveur, même de l’autoroute, j’aime voir la beauté et la majestuosité des montagnes.
Je trouve qu’on est vraiment dans un très bel environnement dans les Laurentides.
Je nous trouve très chanceux.