(Photo : Simon Cordeau)

Denise Cloutier : un engagement d’exception

Par Simon Cordeau

Résidente de Lac-des-Seize-Îles, Denise Cloutier a remporté le prix Femme d’exception, décerné par le Réseau des Femmes d’affaires du Québec (RFAQ), le 10 novembre dernier. Depuis 1984, Mme Cloutier s’implique bénévolement dans divers organismes. La culture, l’environnement et la protection de l’eau sont parmi les causes qui l’animent. Portrait d’une femme engagée dans sa communauté.

« J’ai été incitée à porter ma candidature. J’ai une collègue de longue date qui a écrit la lettre d’appui. Juste ça, c’était ma récompense. C’était aussi beau que le prix », raconte Mme Cloutier, encore touchée par cette reconnaissance.

S’impliquer

Au moment de notre discussion, Mme Cloutier est impliquée dans sept organismes. Elle est conseillère principale du Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU), présidente du Conseil des bassins versants des Mille-Îles (COBAMIL) qu’elle a fondé, vice-présidente du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) et de la Coalition pour une Navigation Responsable et Durable, ainsi que membre de la Table de concertation régionale du Haut-Saint-Laurent et du Grand-Montréal, de la Coalition québécoise pour des eaux saines, et de l’Association du lac Laurel, à Lac-des-Seize-Îles. « Ah oui! Je suis aussi présidente de notre entreprise de génie civil, Arrimage.com, qui oeuvre dans les Laurentides », ajoute-t-elle, presque comme une arrière-pensée.

Pourquoi donner autant de soi, bénévolement, depuis presque 40 ans? « Je m’implique pour ma famille, mes enfants. C’est de contribuer à une cause, mais de faire ce qu’on aime en même temps », répond Mme Cloutier. Déjà à 18 ans, elle est secrétaire de la Fédération des clubs de ski, raconte-t-elle.

Quand elle a ses trois enfants, elle s’implique d’abord dans une coopérative de loisirs éducatifs. Cela l’amène vers la politique municipale, où elle devient la première femme conseillère municipale à Mascouche, en 1990. « Après, j’ai été réélue sept fois. Les gens étaient contents. »

Améliorer

Tout au long de son travail de conseillère, elle porte des causes qui lui sont chères. Pour la culture, elle crée ce qui deviendra le Festival des Arts de Mascouche. Elle crée aussi la SODAM (Société de développement et d’animation de Mascouche), avec ses volets musical, patrimonial et agro-touristique.

Pour ses enfants, elle contribue à aménager un parc de quartier, un skatepark, puis le parc du Grand-Coteau et son étang. « C’est maintenant le fleuron de Mascouche. » Elle contribue aussi à la pérennité du jardin Moore. « Ç’a été créé par un homme : à 87 ans, il a décidé qu’il faisait un jardin. Et il est décédé à 92 ans. On a créé une fondation pour poursuivre son oeuvre. »

« Je me suis impliquée sur des causes pour améliorer la qualité de vie. […] On a animé Mascouche avec le jus de bras des bénévoles. Ç’a donné quelque chose d’extraordinaire », s’émerveille encore Mme Cloutier.

Pendant ce temps, elle retourne même aux études. D’abord, elle fait un baccalauréat en administration des affaires. « Quand j’étais jeune, j’aurais bien voulu poursuivre mes études. Mais pour mon père, secrétaire, c’était bien assez pour laver des couches. Alors j’ai accepté ça », confie-t-elle. Mais en s’impliquant, elle se retrouve un talent pour l’organisation. Elle veut donc mieux s’outiller. « Et pour aller chercher de la confiance, aussi. Quand tu es maman de trois enfants à la maison, ouh! Tu as besoin de sortir! »

Protéger

Après le décès de son mari tombé malade, Mme Cloutier se questionne. « Vers où je veux aller? Et M. Moore, de la fondation, m’avait dit, deux semaines avant de mourir : « Denise, je veux que tu t’occupes de l’eau. » » Une rivière longe le jardin Moore. Et elle est alors en très mauvais état. « Les MRC devaient s’occuper de la qualité de l’eau, mais elle ne le faisait pas. Moi, je trouvais ça inconcevable. J’ai même vu un tas de fumier déversé dans la rivière Mascouche! »

En 2005, elle commence donc une maîtrise en environnement. Depuis, la qualité de l’eau et sa protection sont devenus son cheval de bataille.

En 2010, elle déménage à temps plein à Lac-des-Seize-Îles. Son mari, avant de décéder, voulait qu’elle achète un chalet pour les enfants et les petits-enfants. « C’est devenu notre maison, dès qu’Internet est devenu possible », raconte Mme Cloutier. Elle s’implique rapidement dans l’Association du lac Laurel. « La Municipalité voulait faire une étude environnementale sur les lacs. L’étude a démontré que notre lac et le lac des Seize-Îles avaient beaucoup de myriophylle à épis. »

Elle demande l’aide d’organismes et du gouvernement, mais personne ne veut s’en mêler. Il n’existe alors aucun protocole pour éradiquer cette plante envahissante d’un plan d’eau. Elle décide donc de prendre les choses en main. « On a établi une méthode et on l’a fait. Mon mari et moi, on a mobilisé 90 bénévoles sur 5 ou 7 ans, pour arracher ça. On a été aidés par des plongeurs. » Grâce à leurs efforts, le myriophylle à épis a été éradiqué du lac Laurel, un rare exploit.

Sensibiliser

Mme Cloutier regrette que nos institutions publiques n’investissent pas davantage dans la protection de l’eau. « C’est important de reconnaître qu’on a une source extraordinaire d’eau au Québec. On est chanceux. Mais on n’en prend pas soin. Donc il faut sensibiliser les gens. »

Lors de fortes pluies, les eaux supplémentaires sont versées dans les cours d’eau, souvent avec une partie des égouts. Dans les dernières années, les municipalités ont investi davantage pour mieux gérer les eaux usées. Mais il y a beaucoup de travail à faire, et elles ne veulent pas augmenter les taxes des résidents. « Les élus ont des décisions difficiles à prendre. Ce n’est pas sexy d’investir dans les tuyaux », illustre Mme Cloutier.

Elle reconnait cependant que les nouveaux élus sont de plus en plus sensibles à cet enjeu. C’est pourquoi la refonte du Musée national de l’eau, du C.I.EAU, sera son prochain défi. « Sensibiliser les jeunes, c’est vraiment là que ça part. On a créé une pièce de théâtre sur l’eau. On a une trousse pédagogique, Fantastik’eau, qui est distribuée dans toutes les écoles du Québec. Avant, c’était de démontrer le traitement de l’eau. Maintenant, c’est de promouvoir sa protection et son utilisation responsable. […] On ne connaît pas le vrai coût de l’eau qu’on utilise. »

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