Ligue des Bébé-Boomers : Retrouver le côté social du sport dans un circuit pour aînés
Par Luc Robert
Les amateurs de balle de 60 ans et plus éprouvent un plaisir fou à se retrouver les mardis matins au terrain Henri-Daoust de Saint-Jérôme, où ils peuvent encore assouvir leur passion dans un calibre à leur mesure.
« On compte 11 clubs dans la ligue, répartis dans la région montréalaise. On voyage comme à nos souvenirs d’enfance dans diverses villes pour jouer dans un circuit de calibre B. Le club le plus loin se situe à Ahuntsic. On va aussi évoluer à Terrebonne, Saint-Lin-Laurentides, Laval, Boisbriand et Saint-Eustache. Certaines villes ont deux clubs, comme cette dernière ville. Ça empêche la monotonie de jouer toujours contre les mêmes joueurs, à un parc donné, à toutes les semaines. On a tous eu du plaisir à jouer partout dans notre jeunesse, et ça nous faire un peu revivre », a décrit Normand Piché, grand organisateur sportif jérômien.
Malgré cet envie innée de compétition, le circuit se veut avant tout amical.
« Il y a des bons joueurs : des Michel Corbeil, Marc « Coco Laboy » Bourcier, Pierre Dagenais et autres, mais on est là dans une franche camaraderie. Nos alignements comprennent des anciennes gloires de la balle-rapide et de la balle-molle. Il y a aussi des baseballeurs reconvertis. On est là pour s’amuser. Dans ma tête, je sais qu’on possède un dossier de 8 victoires, contre 5 revers et 1 nulle, mais il n’y a aucune statistique, classement ou séries éliminatoires compilées. L’Association de balle-molle des Bébé-Boomers inc. n’a pas d’arbitres. On officie nous-mêmes nos parties. On s’amuse et on n’a rien à prouver », a ajouté le partisan de longue date de l’ex-Royal Lepage Plus.
Le calendrier est confectionné de façon à accommoder les joueurs en cas de pluie.
« On fonctionne selon un horaire aller-retour de deux parties. Si une partie à Ahuntsic (Montréal) est remise à cause de la mauvaise température, par exemple, on disputera un programme double contre eux au deuxième duel à Saint-Jérôme. Il n’y a pas de date et de voyagement supplémentaire pour des parties remises à reprendre. Aie : on n’est plus jeune, avec une moyenne de 70 ans d’âge ! On peut même bénéficier d’un coureur suppléant sur les sentiers. On joue quand même avec des comptes de 3 prises et 4 balles, comme les vraies ligues majeures ! », a ricané M. Piché.
Avec trois parties à faire au calendrier, l’idée de transposer les activités en hiver se matérialise.
«On a disputé trois parties intérieures au Centre Claude-Beaulieu, à l’hiver 2023. Le succès a été phénoménal, à un point tel que nous envisageons de tenir des activités régulières intérieures à l’hiver 2024-2025, tout comme ça se fait dans les gymnases intérieurs de Terrebonne.»
Vétéran-recrue… à 59 ans
Parmi les joueurs de balle de calibre ayant effectué la transition à la balle-donnée, Ronald Lécuyer figurait à la liste des moins de 60 ans « tolérés », maintenant régularisé !
« C’est un circuit de joueurs de 60 ans et plus, avec 2 joueurs de 57 ans tolérés. Je vais devenir légal en octobre, à mes 60 ans (rires). La transition s’est bien faite. Je joue dans le niveau A à Blainville au deuxième but, en plus de jouer avec les amis dans le B à l’arrêt-court à Saint-Jérôme. C’est plus une question de s’adapter à son corps, qui suit moins la cadence, qu’au jeu. La balle, ça demeure de la balle. Les gars jouent encore assez bien, mais il faut parfois faire attention. Certains travaillent encore le lendemain, avec les courbatures qui viennent avec ça », a souligné l’ancien joueur des Pichets du Baril, une redoutable formation de tournois du passé.
Parmi les sluggers de l’époque, notons le policier retraité Mario Bélanger, l’ex-hockeyeur Richard Vermette, le bibliothécaire collégial Richard Laforge et l’ancienne vedette de la balle-molle Norman Cecil.
« On joue pour le plaisir, car certains joueurs ont 75 ou 80 ans, mais ils tiennent encore leur bout. C’est relaxe comme atmosphère : tu ne te feras pas donner une volée de bois vert du coach au troisième but pour un signal raté ! Il n’y a pas de récents retraités de circuits compétitifs, mais Saint-Eustache et Mascouche ont revampé leur alignement avec l’arrivée de plus jeunes. Benoît Major vient même nous voir comme spectateur ici, avec une envie de sauter à nouveau dans le diamond. On favorise les amitiés, mais le goût de la balle ne se perd pas chez les mordus », a repris Lécuyer, qui attend que son comparse Jean-Luc Désormeaux vieillisse un peu pour le rejoindre dans un autre circuit. Il faudra le sortir du dek hockey pour y parvenir.