Comment la santé des Laurentiens sera-t-elle impactée par les changements climatiques ?
Le CISSS des Laurentides a récemment dévoilé un rapport qui évalue la vulnérabilité de la population de la région aux changements climatiques (VRAC). Dans celui-ci, on apprend comment les changements climatiques affectent la région aujourd’hui et dans les prochaines années, et quelles populations seront les plus touchées.
« Les changements climatiques (CC) sont un phénomène mondial. Ce qu’on voulait, c’est de voir quels sont les impacts de ces changements pour nos communautés. On voulait avoir un portrait des Laurentides, avec un angle sur la santé. Comment les CC vont affecter la santé des citoyens dans les Laurentides ? », explique le Dr Éric Goyer, directeur de santé publique des Laurentides.
À la base, c’est l’Institut national de santé publique du Québec qui chapeautait le projet auquel participaient 13 régions de la province, dont les Laurentides.
On y apprend entre autres que la population présente des niveaux de vulnérabilité « élevé » et « très élevé » face à la chaleur, les tempêtes et précipitations intenses, les inondations et les sécheresses.
En plus de ces « aléas », le rapport indique que « l’aire de répartition géographique des aléas vecteurs de maladies et pollens allergènes devrait graduellement s’étendre vers le nord de la région ».
Identifier les plus vulnérables
« Dans le rapport, on a regardé les risques pour nos communautés, donc la probabilité d’occurence. Puis, on a regardé les conséquences sur la population, sachant qu’on n’est pas tous touchés également, quand on fait face aux CC », rapporte Dr Goyer. Par exemple, les jeunes enfants, les personnes âgées ainsi que les différents contextes socioéconomiques influencent comment les gens seront affectés.
On indique également que plusieurs facteurs peuvent augmenter la vulnérabilité de certaines populations face aux CC. Par exemple, la sensibilité des individus, certaines habitudes de vie, l’accès à des ressources ou le milieu de vie. « Il y a aussi le niveau d’exposition. C’est-à-dire, est-ce que ces aléas ont une intensité, une durée ou une répétition des évènements ? Cela fera en sorte que ces gens seront plus exposés », souligne Dre Louise Lajoie. Elle est médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive à la Direction de santé publique du CISSS des Laurentides.
Par exemple, des personnes vivant dans des îlots de chaleur sont souvent dans un contexte et dans un milieu plus défavorisés. Elles seront donc plus vulnérables lors des vagues de chaleur qu’une autre personne qui réside dans une maison près d’un lac.
Se mettre en actions
Le rapport de 246 pages contient une foule de données sur les populations vulnérables et le niveau de risque pour chaque territoire. « On sait où sont le populations plus vulnérables dans notre région. On pourra donc prioriser et cibler nos actions à déployer pour les protéger », explique Dre Lajoie.
La deuxième étape, explique Dr Goyer, sera de travailler avec les partenaires, les organismes, les municipalités, les MRC ou le gouvernement, pour voir « comment peut-on se préparer à ce qui s’en vient ». L’objectif est de réduire les impacts sur la santé des communautés.
Ce rapport servira par la suite au développement de plans d’adaptation aux CC.
Les aléas qui auront le plus d’impacts dans les Laurentides :
- Chaleur (réchauffement moyen, chaleurs extrêmes et vagues de chaleur);
- Froid (froids, froids extrêmes et vagues de froid);
- Tempêtes et précipitations intenses;
- Inondations;
- Sécheresses;
- Vecteurs de maladie (zoonoses);
- Glissements de terrain;
- Feux de végétation;
- Pollens allergènes.
À l’étape de l’adaptation
Un des constats du rapport est : « Les changements climatiques sont là. On en voit déjà les répercussions dans les Laurentides. On prévoit une augmentation de l’intensité et de la fréquence », souligne Dre Lajoie. « Il faut donc anticiper plutôt que de réagir. »
Elle ajoute que la communauté doit se mobiliser pour revoir ses façons de faire. « Consommer moins et mieux, réduire le gaspillage, recycler davantage, générer moins de déchets ou revoir nos choix, que ce soit pour le transport, l’alimentation, etc. », précise Dre Lajoie.
« L’action arrive à diminuer l’appréhension pour le future », soutient Dre Lajoie. Même si le portrait pour les prochaines années est peu encourageant, la médecin croit que les CC peuvent représenter des opportunités à saisir. « Il n’y a pas que des conséquences négatives. Si on a un été plus long, il y a plus d’activités à l’extérieur, plus de possibilités pour les agriculteurs par exemple », souligne-t-elle.
Pour consulter le rapport, rendez-vous sur le site web du CISSS des Laurentides.