Code de civilité : Nathalie Lasalle veut que cesse l’intimidation entre élus
Par France Poirier
La conseillère municipale de Saint-Jérôme Nathalie Lasalle travaille à l’élaboration d’un code de civilité à l’intérieur des conseils municipaux. À cet effet, en compagnie de la députée libérale de Vaudreuil-Dorion, Marie-Claude Nichols, elle a déposé une pétition à l’Assemblée nationale du Québec pour que des mesures soient mises en place pour assurer un environnement de travail sain aux élus municipaux.
« La raison principale qui m’a poussée à travailler sur l’élaboration d’un code de civilité dans le monde municipal est que j’ai moi-même subi de graves préjudices lors de mon mandat comme conseillère municipale de 2017 à 2021 », explique la doyenne du conseil municipal de Saint-Jérôme.
Des années difficiles pour elle
Mme Lasalle souligne qu’à l’époque, le maire Stéphane Maher et son équipe de Vision Saint-Jérôme avaient une structure organisationnelle qui normalisait et banalisait les incivilités qu’elle a subies. « On m’a discréditée en me retirant les dossiers que je pilotais. J’ai été dénigrée. Le mandat m’a marquée au fer rouge. À ce moment, j’ai décidé de ne pas me présenter en victime et je me suis mise à travailler sur un code afin que plus jamais un ou une élu(e) ne vive cette situation », souligne-t-elle.
Des témoins qui ferment les yeux
Pour Nathalie Lasalle, le plus difficile est de constater qu’il y avait des témoins, des collègues élus et non élus qui ont vu et entendu, et qui ne sont pas intervenus. « Ces témoins ont décidé de garder le silence, ce qui a eu comme effet de prolonger cette forme de harcèlement et même de l’encourager. Mon histoire n’est pas un cas isolé. Il y a beaucoup d’élus qui pourraient en témoigner. »
Elle explique que le harcèlement brime la liberté d’expression, crée la peur d’exprimer des opinions et des idées. Le but ultime du harcèlement en politique est d’effacer la démocratie au nom du pouvoir, soutient-elle.
Pourquoi un code de civilité ?
Pour Mme Lasalle, un code de civilité permettra de prévenir les situations d’incivilité en visant les villes et les municipalités au lieu de viser les individus. « De cette façon, on pourra éliminer les risques à la source. En donnant un pouvoir d’application du code à la personne désignée, on pourra agir rapidement afin d’y mettre un terme », explique-t-elle.
Elle affirme que les effets néfastes de ces agissements seraient moindre sur la personne qui les subit, sur l’organisation et par le fait même sur la population. « Un élu heureux est un élu efficace. Avec la libre circulation des idées, ça nous permet d’aller plus loin, d’approfondir le savoir et une meilleure participation aux prises de décision pour le bénéfice de la population », ajoute-t-elle.
À la fin de son précédent mandat qui a été très difficile, Nathalie Lasalle nous souligne qu’elle a pris le temps de bien choisir l’équipe avec laquelle elle voulait travailler. « Je me suis jointe à l’équipe Avenir Saint-Jérôme car nous partageons une vision commune où le respect des autres est le fondement de ce parti », souligne-t-elle.
Projet de loi 57
Le 10 avril dernier, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a déposé le projet de loi 57. Celui-ci « vise à protéger les élus et à favoriser l’exercice sans entraves de leurs fonctions et modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal ».
On sait que depuis l’élection de 2021, plus de 820 élus ont démissionné de leur poste, notamment à cause de l’intimidation. « Le projet de loi parle surtout de situations entre des élus et des citoyens, mais ne parle pas des incivilités entre élus, ce qui arrive fréquemment. Rien n’indique qu’un code de civilité devrait être obligatoire dans toutes les villes et municipalités du Québec, même si nous l’avions demandé », déplore Mme Lasalle.
En 2021, Pierrette Messier, conseillère dans le Canton de Bedford, et Nathalie Lasalle s’étaient ralliées pour déposer un mémoire à la Commission parlementaire qui étudiait le projet de Loi 49. Ce projet de loi modifiait notamment la Loi sur l’éthique et la déontologie en matière municipale. Ce mémoire présentait un code de civilité pour les élus municipaux et faisait quatre recommandations afin de promouvoir la transparence et le respect en matière de gouvernance municipale.
La pétition
La conseillère demande aux élus, ex-élus, futurs élus et aux citoyens qui ont à coeur la démocratie de signer la pétition. « On veut que des mesures soient mises en place pour assurer un environnement de travail sain aux élus municipaux », souligne Mme Lasalle. La date limite est le 15 juillet 2024. Pour y accéder, cliquez sur le lien suivant : https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-10771/index.html