(Photo : SCFP)

« Climat toxique » entre Prévost et ses pompiers

Par Aurélie Moulun

Le syndicat du Service de sécurité incendie de la Ville de Prévost dénonce un « climat toxique » entre les gestionnaires du service, les ressources humaines et les pompiers.

La Ville et les pompiers sont en plein renouvellement de la convention collective, et ce, depuis mai dernier. Lors de la séance du conseil municipal du 16 janvier, le président du syndicat, Guillaume Aspireault-Massé était présent avec une quinzaine de pompiers. Il a demandé à la Ville si elle acceptait leur demande de médiation « pour améliorer le climat de travail au sein du service incendie ».

Paul Germain, maire de Prévost, a indiqué qu’il n’avait pas l’intention d’accepter cette demande, du moins pas avant le mois de mars. « La réponse c’est non. C’est tu clair ? Mais après le mois de mars, quand les griefs seront réglés. S’il y a encore un climat toxique, on va s’asseoir ensemble et on va en discuter », soutenait-il lors de la séance du conseil.

Un congédiement à 5 jours de Noël

« Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le congédiement d’un de nos confrères à cinq jours de Noël. Déjà dans un climat pas top, les gars ont réagi. On avait une rencontre de négociation le 10 janvier qui a été annulée, alors on a fait un vote de moyen de pression qui a été adopté à l’unanimité », explique M. Aspireault-Massé au Journal. Ces moyens de pression pourront être utilisés « au moment jugé opportun ».

« Si vous pensiez que cette façon d’opérer allait mettre un terme au climat toxique, je vous informe qu’au contraire elle a eu l’effet d’une bombe chez nos membres. Depuis ce jour, le climat toxique de notre équipe de travail avec les gestionnaires n’a fait que se détériorer », disait-il pendant son intervention au conseil.

Le Journal a demandé au maire s’il trouvait que cet événement avait manqué de sensibilité. « Je ne commenterai pas », a-t-il indiqué. « Tout ce que je peux dire, c’est que chaque décision est murement réfléchie. »

Un climat qui dure depuis 2 ans

Lors de son intervention au conseil, Guillaume Aspireault-Massé indiquait que le climat toxique aurait émergé en 2020. À l’époque, la Ville aurait mis en place de nouvelles équipes de gestion des ressources humaines et du Service incendie. « Depuis, les choses n’ont cessé que de se détériorer », disait-il. Ainsi, lettres de réprimande, rétrogradations et congédiements se seraient succédé.

De son côté, M. Germain se défend. Il nie l’existence de telles circonstances. « Au niveau du climat toxique, je pense qu’il y a un gros problème de perception. […] Nous, on a juste fait notre travail », a-t-il indiqué lors de l’assemblée du conseil. « On est des professionnels et on est de bonne foi », a-t-il ajouté en entrevue au Journal.

« C’est décevant que le maire refuse d’admettre qu’il y a un mauvais climat » – Guillaume Aspireault-Massé

Guillaume Aspireault-Massé rapporte que, depuis l’arrivée en poste de M. Germain à la mairie en 2018, ce sont dix griefs qui ont été recensés. Il n’en reste cependant que trois toujours actifs.

Conciliation plutôt que médiation

La Ville de Prévost aurait procédé à une demande de conciliation « pour rapprocher les partis ». Le président du syndicat déplore « l’intention d’avoir recours à la conciliation sans avoir réellement eu de négociations ».

Selon Ronald Boisrond du SCFP, la médiation servirait à « régler le climat de travail malsain ». Alors que la conciliation « est directement reliée à la négociation de la convention.

D’après M. Aspireault-Massé, cinq rencontres entre la Ville et le syndicat auraient eu lieu depuis le début des négociations. La « vraie » négociation n’aurait commencé que lors de la cinquième rencontre. « Négociation qui fut un peu timide », indiquait M. Aspireault-Massé.

M. Germain n’a pas souhaité expliquer son recours à la conciliation dans un contexte où les négociations sembleraient avoir à peine commencé.

En entrevue avec le Journal, il estimait également que la médiation ne serait pas permise dans le contexte actuel. « La médiation ne peut pas se dérouler parallèlement aux négociations de la convention collective. Alors, la question ne se pose même pas », déclarait-il en entrevue.

Pourtant Ronald Boisrond, conseiller au Service des communications du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), considère que la demande « n’est pas illégale ».

Des négociations pourtant courtoises

Bien qu’il déplore la lenteur du processus de renouvellement de la convention collective, M. Aspireault-Massé insiste sur le fait que les rencontres de négociations ont toujours été courtoises. Sur ce point, Paul Germain se dit également d’accord.

« On veut travailler dans les valeurs de respect, d’intégrité et on est en mode recherche de solutions. Parce que oui, c’est encore possible de trouver des solutions », soutenait le maire.

En preuve, M. Germain mentionne une lettre d’entente « historique » intervenue le 10 janvier 2023 entre la Ville et le SCFP pour les cols bleus. « Les syndiqués sont contents, la Ville est contente aussi […]. Donc, je pense que la Ville de Prévost, la partie patronale, est un bon employeur. Un employeur qui est à l’écoute de ses employés si on prend le temps de nous écouter. Je suis très satisfait et c’est la preuve qu’on peut s’entendre », disait-il.

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