Mauvaise conduite

Par Mimi Legault

Le sujet de ma chronique m’est venu automatiquement lorsque la semaine dernière un jeune conducteur a failli m’envoyer dans le décor. 16 h 45, le soleil venait de se coucher et avait fermé les lumières. Il tombait une neige fine depuis quelques heures, les conditions de route étaient sournoises. Pour finir le plat, le chemin emprunté ressemblait aux montagnes russes autant par les descentes que par les zig zag. Danger! Même si je connaissais le coin, j’usais de la plus haute prudence. Mais un deux de pique m’arriva dans le popotin, (restons poli…) en me faisant des appels de phares. Tasse-toi matante! Impossible de dépasser, ligne double oblige. Ce n’était pas cet ostrogoth qui me ferait peser sur le gaz en descendant la côte abrupte que je négociais du mieux que je le pouvais. D’habitude, quand ça arrive, je me mets sur le côté pour laisser passer, mais cette fois, la chose était impossible. Alors le type fit une chose à laquelle je ne m’attendais pas : il me dépassa par la droite, perdit un instant le contrôle pour finalement reprendre la route, le majeur levé bien haut à mon endroit.

Un gramme de cervelle, attendez que je regarde sur une balance virtuelle… Bon, pas tout à fait un gramme, mais je vous le concède. Il a dû penser : tiens, une autre bretteuse. Et moi : tiens, un autre qui ne veut pas vivre.

Il y a des gens à qui la mort donne une existence. Un gros pourcentage de jeunes (et de moins jeunes) Québécois conduit mal. Vous n’avez qu’à vérifier le nombre de contraventions données à tous ceux qui ne ralentissent pas lors de travaux routiers ou aux alentours des écoles et des garderies. Ou bien, qui textent au volant. Alors là… Mon plaisir, c’est d’observer les automobilistes qui attendent aux feux de circulation. Ils ont tous le même tic : lèvent les yeux vers la lumière rouge et les rebaissent aussitôt sur leur cell. Lèvent-baissent-lèvent-baissent…

Et si on parlait des jeunes mâles en bas de 25 ans : la testostérone à 200% et la pédale au plancher? Ma foi, il y en a dont la conduite erratique les jette vivants dans l’urne! Tu leur offres un volant et leur égo démesuré se gonfle à l’hélium. L’amour-propre à démontrer que je nomme l’amour-sale. C’est le comédien Claude Legault qui a déjà dit : l’Homme est un singe avec des clés de chars dans les mains. Je présente mes excuses à tous les singes… Le pire, c’est que je ne distille même pas la vérité. La vie pour certains jeunes décédés est une « farce à farce » qui, dans plusieurs cas, aurait pu être évitée. À 20 ans, j’ai vu la mort de près; eh bien laissez-moi vous dire qu’elle n’est pas belle à regarder la mort, elle a plutôt une sale gueule! Ce fut un last call que j’ai bien entendu. Je demeure toujours estomaquée de voir les pubs sur les autos. Ce ne sont pas des autos de course, c’est tout comme… Peut-on mourir de stupidité? En tout cas, il y a certaines compagnies qui en vivent et c’est payant. Je ne blâme pas les jeunes conducteurs à 100%, n’empêche que ce sont eux et tous les autres dommages humains collatéraux qui en paient le prix. Tu as beau faire des guidi guidi à la chance, un jour ce sera ton tour. La vie ça finit toujours mal, mais ce n’est pas une raison pour lui donner un coup de main.

Pour terminer, je dirai ceci aux jeunes fous de la route. Le champignon le plus vénéneux sur la terre est celui où tu pèses à plein gaz. C’est moins pénible d’attacher ta ceinture de sécurité que de circuler en chaise roulante. Finalement, si tu désires prier un dieu quelconque, trouves un endroit calme, mais si tu veux le rencontrer personnellement, envoie-lui un texto en conduisant. Cette courte pensée de Félix Leclerc : meurt-on pour rien ? Hélas…

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