Chronique : Apprendre des meilleures
Par Simon Cordeau
Je n’ai jamais eu que des patronnes dans ma carrière. Ce sont toujours des entrepreneures déterminées et audacieuses qui m’ont donné ma chance. Et toujours des superviseures empathiques et patientes qui m’ont montré quoi faire et comment le faire.
J’ai fait un bac de 3 ans en journalisme. Mais c’est Sylvie Peltier, productrice de documentaires depuis 30 ans à Vancouver, qui m’a montré comment trouver des sujets intéressants, des histoires qui valent la peine d’être racontées, et comment être à l’écoute durant les entrevues.
Et c’est France Poirier, journaliste depuis 31 ans et collègue au soutien indéfectible, qui m’a appris comment couvrir l’actualité et ma communauté à chaque semaine. Sans son aide, ses conseils et sa sagesse, je n’aurais jamais duré plus de deux semaines dans le rythme effréné d’un hebdo.
Et c’est Josée Pilotte, capitaine infatigable d’Accès depuis 27 ans et du Nord depuis 8 ans, qui m’apprend à être un leader bienveillant et prévoyant. Ça prend un type particulier de folie, une confiance inébranlable, mais aussi une sensibilité profonde, pour tenir tête aux tempêtes, aux sceptiques et aux arrogants, sans y perdre ni sa fougue, ni son empathie.
Inspirantes
Mais avant tout ça, ce sont les femmes de ma famille qui m’ont montré le plus important. Je pense à ma grand-mère, Pierrette, qui nous a quittés il y a bientôt 3 ans. Son esprit vif et son humour aiguisé me manquent, surtout ces temps-ci. Pour une femme de son époque, très croyante et qui a grandi sur une ferme, son ouverture d’esprit envers la différence en étonnait plusieurs. Elle m’a montré à ne pas voir l’autre comme un étranger, mais à l’accepter comme un voisin. Sa compassion m’inspire encore.
Si j’aime l’art et la culture, c’est en grande partie grâce à ma mère, Christiane, artiste-peintre au talent immense et lectrice avide. Sa patience sans fin, pour gérer les chicanes fréquentes entre mon père et moi, est devenue à l’âge adulte un exemple à suivre, une source de sagesse. Même chose pour sa générosité et son dévouement à s’occuper des autres. Elle a soutenu des mois durant mon grand-père, devenu seul après la mort de ma grand-mère et en perte d’autonomie. J’admire sa résilience aussi.
Élever les autres
Si j’ai décidé de partager ma vie avec ma conjointe, Marie-Hélène, c’est pour son écoute, son indulgence, sa curiosité et son énergie contagieuse au quotidien. Mais c’est dans son rôle d’enseignante, pour une classe d’élèves primaires sur le spectre de l’autisme, que je la trouve la plus admirable. Elle s’inquiète pour leur bien-être et leur avenir, et elle dédie beaucoup de son temps et son énergie, à l’extérieur de sa classe, à chercher des façons de les intéresser, de les ouvrir sur le monde, et à leur préparer des moments d’émerveillement et d’apprentissage.
Avec sa ténacité, elle me rappelle aussi toutes les enseignantes qui, du primaire au cégep, m’ont transmis leur passion pour le français et la littérature, ainsi que leur curiosité pour le monde et sa complexité. Je pense en particulier à Jacqueline Chevalier, qu’on appelait affectueusement Mme Che, au Collège Lionel-Groulx. Elle était souvent déçue de nous, mais seulement parce que ses attentes envers nous, « jeunes gens », étaient si élevées. À ses funérailles, des années plus tard, beaucoup de ses élèves étaient présents, signe qu’elle a touché leur vie.
Il y a aussi plein d’hommes qui ont façonné mon parcours et ma vie. Ils m’en voudront peut-être que je ne les mentionne pas ici. Mes excuses, Messieurs. Mais je dois reconnaître que ce sont d’abord des femmes qui m’ont appris à être l’homme que je suis aujourd’hui. Je les en remercie.