Chantal Dumont, à la rescousse des personnes en détresse
Par Daniel Calvé
« Dans le fond, quand il y a un problème, je le règle. Ma cuisine est un bureau avec à peu près 300 Post-its collés sur les murs. Je commence à 8h le matin et ça peut aller jusqu’à 22h. » Pendant cette crise, Chantal Dumont se dévoue cœur et âme pour venir en aide aux personnes en détresse.
Cette dernière travaille avec Rachel Lapierre et le Book Humanitaire depuis maintenant 8 ans. Normalement, elle est responsable de la distribution de vêtements pour la nuit des sans-abri et des paniers de Noël en décembre. « Maintenant, Rachel a pris en charge le dossier des téléphones et moi, j’ai pris en charge d’appuyer tous les organismes d’aide alimentaire de Saint-Jérôme. »
Chantal travaille principalement de chez elle et coordonne les livraisons. C’est aussi à elle que sont recommandés les gens qui arrivent sur le marché de l’aide alimentaire. Avec leur adresse, elle les aide à s’inscrire et si jamais ils n’ont pas de nourriture au moment où elle leur parle, elle fait un dépannage d’urgence.
Ne pas fermer les yeux sur la réalité « Moi, je suis chanceuse. J’habite à Saint-Hippolyte, mon frigo est plein et quand j’ai envie de sortir, je vais courir 10 km. Mais quand j’appelle une personne qui m’a été recommandée, elle est parfois dans un trois et demi à Saint-Jérôme, si elle est chanceuse, et elle n’a pas de nourriture. J’ai des gens qui braillent au téléphone, ça fait trois jours qu’ils n’ont pas mangé. On ne part pas tous de la même place dans la vie. Les gens commencent à être mentalement et psychologiquement affectés. Quand j’appelle une personne, je peux passer 20 minutes au téléphone et ça peut aussi aller jusqu’à deux heures de temps. »
Chantal Dumont est celle qui reçoit les appels d’urgence, ces personnes en détresse, ces personnes qui ont faim et qui sont extrêmement affectées par la crise. Elle me raconte pouvoir charger son téléphone sept ou huit fois par jour. « Nous, dans notre confort, on n’est pas habitué de vivre une contrainte, mais on ne vit pas les vraies contraintes de la vraie vie. J’ai plein d’amis qui me disent « t’é malade! », parce que c’est sans arrêt et ce n’est pas du positif. Ce sont des gens qui sont chargés émotionnellement, dans la peur, dans l’inquiétude et dans l’inconnu ». Or, elle souligne que d’aider ces personnes dans le besoin, ça l’aide aussi à passer elle-même, à travers cette période.
Elle est donc nuancée devant les nombreux arcs-en-ciel et le slogan, Ça va bien aller. « C’est correct que les gens essaient d’être positifs, mais il ne faut pas non plus fermer les yeux. […] L’emphase devrait être mise sur ça va bien, mais pas tant que ça. Ça va bien quand tu as Netflix, que ton frigo est plein et que tout le monde est en santé. Mais quand tu es seul dans un deux et demi, ça ne va pas si bien que ça. »
Telle mère, telle fille
Étant une maman à la maison, c’est lorsque sa fille avait 5 ans que Chantal a décidé de s’impliquer dans le bénévolat. « J’ai vu que j’allais élever un enfant dans le privi-lège et on se rend compte qu’il faut leur montrer jeune, qu’ils sont dans le privilège. Un moment donné, j’ai rencontré Rachel [Lapierre] et j’ai commencé à faire beau-coup de bénévolat avec ma fille. Elle a 13 ans maintenant. Depuis sept ans, au lieu d’avoir des cadeaux à sa fête, elle demande de l’argent et elle finance les études de onze petites filles aux Indes ».
Dans la crise actuelle, sa fille aide aussi. « J’ai une dame, c’est effrayant ce qu’elle vit. Alors je dis à Mackenzie de l’appeler et de lui demander comment elle va, parce que moi, je roule continuellement. Elle l’appelle et elle jase. Les gens ont besoin d’être écoutés présentement, donc que tu aies 13 ans, 52 ans ou 45 ans, fais juste écouter », souligne la mère.
Son coup de cœur
« Ma plus belle rencontre de ces huit dernières années, c’est quand j’ai fait mes paniers de Noël cet hiver. Normalement, je ne vais pas porter de paniers; j’ai des équipes qui le font. Mais cette année, j’ai été en livrer un, je ne sais pas pourquoi. Et c’était à mon amie Léonne. Léonne c’était son dernier Noël et c’est devenu mon amie, mon amie de cœur. C’est une madame de 72 ans, elle n’est pas décédée encore, mais c’est proche. Je le dis à tout le monde : Léonne, c’est une championne. »
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