Centre correctionnel au centre-ville : Choqué, Bourcier demande à Trudeau d’intervenir
Par France Poirier
Le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, ne décolère pas concernant la reconstruction du Centre correctionnel communautaire (CCC) Laferrière à l’entrée du centre-ville de Saint-Jérôme. Il interpelle le premier ministre Justin Trudeau et lui demande d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.
L’immeuble était laissé à l’abandon pendant cinq ans par le gouvernement fédéral jusqu’à l’annonce, en mai dernier, de sa démolition en vue d’être reconstruit au même endroit.
À ce moment, le maire Bourcier était sorti publiquement. Il était accompagné du député fédéral Rhéal Fortin, du préfet de la MRC de La Rivière-du-Nord Xavier-Antoine Lalande et du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Jérôme métropolitain John Tittel. Ils dénonçaient que l’on ne tienne pas compte de l’acceptabilité sociale d’un tel projet.
D’autres emplacements proposés
Le maire Bourcier nous explique avoir rencontré le ministre de la Sécurité publique à l’époque, Marco Mendicino. On lui a fait part de trois lieux qui mettaient en évidence les capacités de réinsertion. « On ne voulait pas de ce genre d’édifice à l’entrée de la Ville. Ce qu’on leur proposait comme terrain ne leur coûtait rien. Une autre rencontre avec quatre fonctionnaires a eu lieu et ils avaient conclu que le projet était bon, mais qu’à cause des délais, ça ne se ferait pas. Mais on pouvait faire le transfert d’un terrain rapidement. De plus, on avait le soutien du député provincial Youri Chassin pour que ça se règle rapidement », raconte le maire, qui s’étonne du refus.
Pour Marc Bourcier, « c’est inconcevable de refaire un bâtiment à vocation carcérale avec comme voisinage l’université et le cégep où se côtoient des milliers d’étudiants. Au niveau de l’urbanisme, ce serait une erreur inqualifiable et un affront à la population de Saint-Jérôme ».
Nouvelle vocation souhaitée
La Ville souhaitait une relocalisation du CCC Laferrière afin de construire un nouvel édifice à vocation culturelle. Le maire souligne que la Ville de Saint-Jérôme a déjà proposé au gouvernement fédéral d’échanger le terrain du centre-ville pour un autre situé dans un secteur mieux adapté à la clientèle, et ce, à coût nul. « Nous sommes disposés à offrir un choix de terrains plus vastes et mieux localisés permettant d’aménager une cour intérieure et un environnement nettement plus favorable pour les clients, les travailleurs et les citoyens. Un expert du milieu carcéral nous a d’ailleurs confirmé la plus-value de nos propositions », a souligné le maire Bourcier.
Citant le site de l’immeuble Taillon – qui fait partie du quartier des Arts et du Savoir – comme la porte d’entrée de l’endroit le plus stratégique du centre-ville, le maire mentionne également au premier ministre Trudeau que le secteur est fréquenté par quelque 10 000 étudiants inscrits au campus de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) ou à celui du Cégep de Saint-Jérôme, et que le quartier est une zone touristique comprenant des lieux culturels d’importance, dont la salle de spectacle du Théâtre Gilles-Vigneault et le Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU).
Afin de bien expliquer le contexte qui entoure l’urgence pour le gouvernement fédéral d’agir, le maire ajoute que « Saint-Jérôme est la 14e ville en importance au Québec et elle connaîtra une croissance démographique deux fois plus forte que le reste du Québec au cours des prochains 25 ans. Notre capitale régionale accueille en moyenne plus de 140 000 personnes par jour avec des périodes de pointe autour de 250 000. Nous sommes la porte d’entrée de la région la plus touristique au Québec, après les villes de Montréal et Québec. Accepter cette construction serait une erreur urbanistique impardonnable. »
La démolition a débuté à l’intérieur depuis quelque temps et la reconstruction est prévue à compter du 11 septembre. Le maire demande une réponse rapide du premier ministre.