« Ce sont les parents qui paient pour la lenteur administrative», Nicole Bernard
Par Lpbw
SAINT-JÉRÔME. La tournée de l’Association québécoise des CPE, sous le thème, « Toujours fous de nos enfants », était de passage vendredi dernier à Saint-Jérôme au CPE-BC La Joyeuse Équipée pour parler de l’incertitude actuelle qui menace sérieusement les services éducatifs de garde à l’enfance dispensés dans tous les centres de la petite enfance (CPE) et en milieu familial au Québec.
Rappelons que l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), inquiète de l’avenir de la politique familiale a réuni une coalition de partenaires pour « sensibiliser la population aux menaces qui guettent les fondements de la politique familiale».
L’AQCPE a souligné que les effets de l’improvisation libérale sont bien réels : « Depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux, on ne sent plus que les énergies du gouvernement sont orientées vers le développement de nouvelles places. À cet égard, on constate également dans la région des Laurentides un retard délibéré dans le traitement des demandes de développement des CPE », a déclaré Louis Senécal, président-directeur général de l’AQCPE notant que les centres de la petite enfance ont fait leurs preuves et qu’ils sont un modèle socio-économique reconnu dans le monde entier.
« La population doit faire la preuve que ce n’est pas là que l’on doit couper, » a-t-il encore dit en affirmant son inquiétude puisque la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, a elle-même affirmé que « Le réseau a raison d’être inquiet ».
De son côté, Nicole Bernard, la directrice générale du CPE-BC La Joyeuse Équipée, a mentionné que le CPE-BC est toujours en attente de la concrétisation de son projet de création de 70 nouvelles places, dont 10 places pour accueillir des poupons. « Nous souhaitons pouvoir offrir ces nouvelles places aux familles de Sainte-Sophie. Malheureusement, ce sont les parents qui paient pour la lenteur administrative en demeurant sur nos listes d’attente plutôt que dans nos services », a témoigné Mme Nicole Bernard.
« Après plus de 10 ans à oeuvrer au sein du réseau des services de garde du Québec, j’assiste actuellement à la plus grande menace à laquelle nous n’avons jamais été confrontés. Je suis inquiète de l’avenir que le gouvernement réserve à ce beau réseau qui fait notre fierté, notamment à la place que la ministre souhaite réserver aux parents qui siègent sur les conseils d’administration des CPE et qui contribuent, par leurs visions et leurs expertises, à la réussite de notre mission », a lancé Mme Bernard.
Retombées socio-économiques
« Depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir, on sent que le vent a tourné », affirme de son côté la présidente du conseil d’administration de l’AQCPE, Gina Gasparrini. « Nous avons tendu la main à la ministre à plusieurs reprises et force est de constater que le gouvernement n’entend pas consulter son principal partenaire en matière de petite enfance. Son refus de divulguer ses objectifs et de rassurer les familles nous laisse envisager les pires scénarios », craint-elle.
En outre, l’AQCPE tient à corriger la croyance erronée selon laquelle les services de garde coûtent trop cher et que le Québec n’a pas les moyens de se payer un tel programme. M. Senécal avance que les retombées socio-économiques des CPE jouent un rôle dans la prospérité de l’économie québécoise. « Les CPE ont contribué à la hausse de 5,1 MM $ du PIB grâce à la présence de 70 000 femmes sur le marché du travail, a affirmé M. Senécal. De plus, pour chaque dollar investi, les retombées pour le gouvernement sont d’au moins 1,50 $ selon les chercheurs Pierre Fortin, Luc Godbout et Suzie St-Cerny. Ils conviennent que les CPE sont non seulement rentables, mais qu’ils rapportent plus que ce qu’ils coûtent à l’État ».
Le président-directeur général de l’AQCPE affirme que le gouvernement s’attaque directement aux principes fondateurs du réseau des CPE que sont l’accessibilité, l’universalité et la qualité. « Les intentions du gouvernement de moduler la contribution parentale selon le revenu familial sont bien réelles. Les familles de la classe moyenne sont les plus nombreuses à fréquenter les services de garde et toute intention gouvernementale de les faire participer à la lutte au déficit ne pourra se faire autrement que par une augmentation drastique de cette contribution, laquelle ne sera plus réduite. Cette augmentation pourrait forcer les familles de la classe moyenne à choisir entre avoir un enfant ou préserver deux salaires », a-t-il dénoncé.
Parmi les membres du Mouvement pour la sauvegarde de la politique familiale québécoise le Parti québécois. Vendredi dernier, Pierre Karl Péladeau, le député de Saint-Jérôme est venu unir sa voix à celles des membres présents pour dénoncer la politique du gouvernement Couillard mettant en péril le réseau mis sur pied en 1997 par Pauline Marois, alors ministre de l’Éducation au sein du gouvernement du Québec. « Nous nous battrons haut et fort », a lancé Pierre Karl Péladeau
Par ailleurs, la tournée de l’AQCPE culminera lors de grands rassemblements le 9 novembre prochain, partout en province. Les habitants des Laurentides sont conviés au rassemblement qui se tiendra à Montréal à la place des Festivals dès 10 h. Des activités seront prévues pour les familles présentes.
La coalition de partenaires membres du Mouvement pour la sauvegarde de la politique familiale québécoise
Plusieurs organisations préoccupées par l’avenir de la politique familiale ont accepté de se joindre à l’initiative de l’AQCPE pour sensibiliser et mobiliser la population. Sont membres du mouvement : les membres de l’AQCPE; l’Association des cadres des CPE; le Parti québécois; la Confédération des syndicats nationaux (CSN); la Centrale des syndicats du Québec (CSQ); la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ); la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ); Québec solidaire; la Fédération québécoise des organismes communautaires famille; l’Association des services de garde en milieu scolaire; l’Association des haltes-garderies communautaires du Québec; le Rassemblement pour la valorisation de la paternité.