Cap Emploi : se découvrir pour mieux rebondir
Par France Poirier
Pas toujours évident de trouver du travail quand on a été en dehors du marché de l’emploi durant un certain temps. Reprendre confiance, connaître ses forces et ses faiblesses : certains ont besoin d’un coup de pouce.
Frédéric Demers et Michel Bélanger, conseillers en emploi au Centre d’aide professionnel à l’emploi (Cap Emploi) offrent ce soutien. « C’est un parcours de neuf semaines dans lequel les participants vivent différentes phases. Ils travaillent sur la connaissance de soi, la mise à jour des outils de recherche d’emploi et la mise en action. On trouve un moyen de les faire travailler ensemble dans un projet communautaire. Ils doivent réfléchir aux étapes du début à la fin », explique Frédéric Demers.
Travailler ensemble
Le groupe comptait 18 personnes qui ne se connaissaient pas et qui doivent apprendre à travailler ensemble. Prendre des décisions, choisir une clientèle, choisir un défi, le mettre en place et le réaliser. « Au travers ça, il y a l’écoute, la communication et la gestion des émotions, ce qui n’est pas toujours facile au début. En même temps, ç’a été un bon groupe, assez calme et assez posé. Même s’il y a eu un peu de cacophonie, c’est normal dans un échange à 18 », ajoute Frédéric.
« Ils sont sévères envers eux, mais à travers leur parcours, ils développent des habiletés sociales. C’est souvent une des causes pourquoi ils perdent leur emploi. Ils doivent apprendre la gestion des émotions, à travailleur leur impulsivité et la communication. Certains ne disent pas assez et d’autres disent trop », souligne Michel Bélanger.
Shanna Lepage, participante du programme de Cap Emploi, nous explique qu’à l’origine elle avait contacté une entreprise de réinsertion à l’emploi qui n’avait pas de place au moment où elle souhaitait faire un retour sur le marché du travail.
« Alors je suis allée chez Cap Emploi. Je voulais me mobiliser et me réinsérer à l’emploi. Ça m’a donné beaucoup d’outils comme la préparation à l’entrevue, comment chercher un emploi, et développer des qualités que je ne me connaissais pas. J’ai une personnalité exubérante, mais mon premier plan n’était pas de me mettre de l’avant. La force des choses a fait que je me suis retrouvée à faire de la médiation dans le groupe. J’ai dû utiliser des forces que j’ignorais que j’avais. Ça m’a donné beaucoup de confiance. Dans le groupe, on a chacun nos personnalités et ça nous permet de développer des qualités qui étaient en dormance », souligne Shanna.
Défi du groupe
Le groupe dans lequel participait Shanna devait réaliser un défi. Il leur a fallu s’entendre sur le projet qu’ils allaient réaliser. Ainsi, ils ont décidé d’organiser un dîner à la cabane à sucre dans une résidence pour aînés. L’un des membres du groupe s’occupait d’aller chercher des commanditaires afin de réaliser le projet. « Il y a eu des rencontres de groupe pour décider ce qu’on ferait. Le but était de contacter des résidences et de faire des levées de fonds pour réaliser le projet. Les gens étaient très généreux. Il fallait avoir des discussions avec différentes personnalités et caractères. Dans un groupe, certains prennent trop de place alors que d’autres n’en prennent pas assez. Il faut trouver un terrain d’entente », nous explique Shanna.
Ça n’a pas été facile de discuter en groupe. Il a fallu que Shanna fasse de l’arbitrage. « Mon rôle était d’apaiser. Chacun a son rôle selon ses forces. »
Stéphane Duval, participant, a recruté des commanditaires qui ont aidé à réaliser le projet. Serge Lafleur, propriétaire du Manoir Melançon où vivent 35 résidents, a accepté de recevoir l’équipe qui a réalisé un menu de cabane à sucre pour les résidents, un midi, au grand plaisir de tous. « J’ai été approché par Cap Emploi. J’ai trouvé que c’était une belle initiative. C’était une première pour nos résidents et tout le monde était content », souligne M. Lafleur.
« Le projet communautaire est reconnu dans la région. C’est notre 23e année. Cap Emploi attire une clientèle qui a besoin de se mettre en mouvement, qui se questionne et qui a perdu le nord un peu. Certains ont vécu l’isolement et n’ont pas été sur le marché de l’emploi depuis longtemps. Ils se questionnent sur leur place sur le marché du travail actuel », explique Michel Bélanger.
À la suite du parcours des participants, l’équipe de Cap Emploi les suit durant six mois pour les aider à trouver un emploi, mais aussi pour les maintenir dans l’emploi qu’ils trouveront.