Bras de fer entre Prévost et ses pompiers : « Ce conflit-là ne se règlera jamais »

Par Simon Cordeau

Durant la séance du conseil municipal de Prévost, lundi 12 février, le président du syndicat des pompiers, Guillaume Aspireault-Massé, est venu « rétablir les faits » dans le conflit de travail qui oppose ses membres à la Ville de Prévost. « On est sans convention [collective] depuis le 31 décembre 2021. Ça fait maintenant deux ans et quelques mois », a-t-il déploré. À la fin de son intervention, le ton est monté entre lui et le maire, Paul Germain.

« Les citoyens peuvent être assurés que nous prenons toujours les décisions nécessaires pour garantir leur sécurité et veiller à leur paix d’esprit », avait insisté M. Germain lors de la séance du conseil du 15 janvier. M. Aspireault-Massé l’a plutôt accusé de mettre « insoucieusement la sécurité des citoyens en danger ». « Dans les faits, vous n’avez aucune considération pour les citoyens et pour vos pompiers. »

Lockout ou ralentissement de travail ?

En janvier, le maire souhaitait répondre aux « accusations de lockout » de la part du syndicat des pompiers. « Durant la période des Fêtes, la Ville a décidé de faire appel aux services de sécurité incendie des villes avoisinantes en cas d’urgence, afin d’assurer une couverture sécuritaire du territoire. […] Aucun pompier éligible n’était disponible. S’il n’y a personne qui veut rentrer, on est obligés d’aller voir ailleurs. »

Selon le maire, les lieutenants et lieutenants intérimaires ne respectent pas le calendrier de garde et ne se font pas remplacer. « En décembre 2022, on a été 10 jours sur 31 sans officier. En janvier, on a été 10 jours sur 31. […] Juillet : 26 jours sur 31. Août : 18 jours sur 31 […] », a-t-il énuméré. La Ville a fait une demande d’ordonnance au Tribunal du travail pour faire cesser le « ralentissement de travail », a expliqué M. Germain.

« Or […] c’est plutôt une gestion inadéquate des périodes de vacances, un Service incendie en sous-effectif continuel, des départs en congé sans solde non remplacés, des équipes incomplètes, le refus systématique de créer des listes de candidats au poste de lieutenant, et j’en passe », a répliqué M. Aspireault-Massé.

Code 1000

« Lorsque la Ville ne dispose pas des effectifs suffisants pour assurer la garde au Service de sécurité incendie, elle se place en code 1000. Cela indique à toutes les municipalités environnantes que la Ville ne dispose pas des effectifs suffisants pour assurer la couverture adéquate de son territoire, et qu’elle ne pourra, au surplus, assurer le service d’entraide », a expliqué le maire en janvier.

M. Germain a déploré une augmentation « stupéfiante » de l’utilisation du code 1000 ces quatre dernières années. « En 2020, il n’y a eu aucun code 1000. En 2021, il y en a eu 5. Mais attention : en 2022, il y en a eu 48. En 2023 : 99 », a-t-il énuméré.

« Ce que vous omettez de dire dans vos statistiques, c’est qu’avant novembre 2022, le Service incendie n’avait jamais envoyé un code 1000 pour un manque d’effectifs. […] Lorsqu’il manquait un lieutenant ou un lieutenant intérimaire, le chef de garde remplaçait celui-ci. C’est en novembre 2022 que le chef a subitement décidé de placer le Service en code 1000 et de ne plus faire de remplacement », a répliqué le président du syndicat.

« Aucune négociation »

« Depuis notre rejet de votre offre globale et finale en septembre dernier, aucune négociation n’a eu lieu. Nous avons essayé à maintes reprises d’entrer en contact avec vous pour négocier, mais en vain », a déploré le représentant des pompiers de Prévost.

Pendant la longue déclaration de M. Aspireault-Massé, le maire a tenté à quelques reprises de l’interrompre, sans succès. « Est-ce que je peux vous répondre ? », a-t-il demandé. À la fin de sa déclaration, le président du syndicat a remis un projet de lettre d’entente aux élus. Après un court silence, le maire a laissé transparaître son impatience et a applaudi de façon sarcastique. « Bravo ! Bravo ! Félicitations, merci ! Fait que vous n’aviez pas d’autres questions ? Merci, bonsoir. »

« Cette semaine, on a demandé à Mme Létourneau, qui est conciliatrice au ministère du Travail, de reprendre le mandat [de négocier]. Pourquoi on a fait ça ? Parce que c’est clair qu’on n’arrivera pas à une entente », a poursuivi M. Germain.

Puis le ton a monté entre le maire et le représentant syndical. Des conseillers municipaux ont tenté de calmer le jeu. « Ça suffit ! », s’est interposé le conseiller Michel Morin. « On vous a écoutés. Vous nous avez déposé des documents. […] Pour l’instant, on va s’arrêter là. »

Enfin, M. Germain s’est prononcé sur le projet de lettre d’entente avant de conclure. « Je l’ai lu. Et comme vous avez marqué sur les portes de la caserne : [Rejeté]. Bonsoir. » Pendant qu’il se faisait chahuter par les pompiers présents dans la salle, le maire a ajouté, exaspéré : « Ce conflit-là ne se règlera jamais. »

Plan d’urbanisme et de mobilité durable

La Ville a adopté son nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité durable, « qui orientera l’avenir de notre territoire pour plusieurs années », s’est réjoui le maire. « On est très fiers de vous présenter ça. Ça ouvre la voie à un nouveau Prévost. » Avec ce nouveau plan, la Ville souhaite répondre aux valeurs et aux besoins des Prévostois, dont la nature, la tranquillité, et un milieu de vie sain, sécuritaire et propice à la vie familiale. Parmi ses objectifs, le maire a souligné la mobilité durable, les espaces verts, des quartiers durables, de la construction écologique, l’inclusion sociale, l’accès au logement, et la gestion intelligente des ressources, entre autres.

En vrac

La Ville offre un camp de jour du 4 au 8 mars, durant la semaine de relâche, pour « dépanner les parents qui, eux, travaillent », a annoncé le maire. Le camp est ouvert aux enfants de 5 à 12 ans. Il se tiendra à l’école des Falaises avec des activités en tous genres. Pour s’inscrire, rendez-vous sur le site web de la Ville de Prévost.

Durant une tempête de neige, lorsque le stationnement dans la rue est interdit, il sera bientôt possible exceptionnellement de se stationner dans les stationnements incitatifs la nuit, selon un avis de motion et un dépôt de projet de règlement.

La Ville abandonne son projet d’un nouvel écocentre près du marché aux puces. « Le coût du projet est parti à 500 000 $. […] Quand on l’a lâché, il était à 2 M$. Donc on enterre ce projet-là », expliqué le maire.

Le conseil demande au ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) de retirer les deux panneaux de limitation de poids près du pont Shaw. En effet, l’accès est complètement interdit pour les camions, a expliqué M. Germain. « Ça créait une confusion. »

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