Après sept ans d’attente ils sont enfin parents de la petite Misha
Par France Poirier
Misha 4 ans est arrivée à Saint-Jérôme le 28 mars dernier avec ses parents d’adoption, Isabelle Houle et Philippe Cloutier, en provenance d’Haïti. Ces derniers avaient entamé un processus d’adoption il y a sept ans.
Isabelle Houle est chef de pupitre chez Accès LE journal des Pays-d’en-Haut et Philippe Cloutier est sergent chez Avant-Garde, filiale de Gardium. Comme ils ne pouvaient pas avoir d’enfant naturellement, l’adoption était pour eux le meilleur choix. Isabelle avait une malformation de la moelle épinière à la naissance qui a mené à l’amputation d’une jambe à l’âge de six mois. À cause des nombreuses opérations subies, son ventre est trop petit pour porter un enfant sans risque de mourir et Philippe avait aussi des problèmes de fertilité.
Leur premier choix : l’adoption
« Il était évident pour nous de se tourner vers l’adoption. Au Québec, il est très difficile d’adopter puisqu’il faut devenir famille d’accueil avant de pouvoir adopter et les parents biologiques peuvent reprendre leur enfant durant cette période et nous ne voulions pas vivre cette déchirure », a souligné Isabelle. Pour elle, devenir maman ne passait pas nécessairement par la grossesse. Pour moi, une mère est celle qui accompagne, qui guide et qui donne de l’amour à un enfant. C’est ce que je fais avec Misha.
Démarche longue
Il leur a fallu beaucoup de patience, de résilience et de détermination pour tenir le coup dans une démarche qui a été terriblement longue et pleine d’embûches.
« Nous nous sommes soutenus là-dedans et nous réalisons encore plus la solidité de notre couple parce que ça n’a pas toujours été facile, mais on s’encourageait mutuellement », ont souligné les nouveaux parents.
Tout a commencé en 2010 alors qu’ils ont débuté un processus d’adoption au Mali, en Afrique, mais lorsque leur tour est enfin arrivé en 2012, les lois avaient changé et il n’était plus possible pour les Canadiens d’adopter. En Asie, ils ne se qualifiaient pas parce que les critères sont très serrés dont l’impossibilité pour Isabelle d’adopter à cause de son handicap et en Haïti après le tremblement de terre de 2010, l’adoption a été fermée pendant quatre ans. Lorsque tout a repris, les démarches sont devenues plus lourdes et complexes.
Ouverture du dossier en Haïti
C’est en février 2014 que le dossier en Haïti a été ouvert. « Dans le cas d’Isabelle et de Philippe, c’était le premier dossier après la réouverture de l’adoption à la suite du tremblement de terre. « Ç’a été pour nous un dossier de transition avec les nouvelles lois et procédures. Il a fallu s’ajuster », explique Stéphanie Viens de l’organisme Soleil des Nations au Québec, rejointe au téléphone.
Actuellement, les délais d’adoption dès que le dossier est en Haïti sont d’environ trois ans. Mais avant que le dossier ne chemine vers le pays d’origine, les futurs parents doivent entreprendre des démarches au Québec pour répondre aux critères : étude psychosociale par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), examens médicaux, certificat de naissance et de mariage ou preuve d’union de fait, recommandations morales des employeurs et recommandations financières comme quoi les futurs parents sont responsables. « Dans le cas d’Isabelle et de Philippe, ç’a été très rapide pour monter ce dossier », explique Mme Viens. « Isabelle a été très bonne dans la gestion de ce dossier. Elle est très organisée, je me suis fié à elle », nous a confié Philippe.
Leur dossier a pris un an de plus que la moyenne, entre autres à cause d’une grève des greffiers, retards bureaucratiques en Haïti. « Nous avons reçu la proposition pour Misha (née le 29 décembre 2013 sous le prénom de Michelaine) en décembre 2016. En Haïti, il y a deux visites avant de ramener l’enfant avec nous. La première visite de 14 jours a eu lieu en décembre 2016 où nous avons été présentés comme les parents de Misha à l’orphelinat. Nous y étions en observation, puis le 21 mars 2018, après que tous les problèmes bureaucratiques aient été réglés, nous avons pu retourner en Haïti pour ramener Misha avec nous, une semaine plus tard », raconte fièrement le couple.
Durant la semaine du 21 mars, 28 mars étant leur date d’arrivée au Québec, ils ont vécu avec leur fille à l’orphelinat où, contrairement à la première visite, elle était sous leur charge entière.
Prête à partir
La petite était prête à quitter dès leur arrivée. Contrairement à ce qu’ils auraient pensé, elle n’avait pas de crainte et parlait tous les jours de partir au Canada. « Nous avions hâte nous aussi de revenir, depuis le temps que nous attendions ce moment, notre projet et notre rêve devenaient enfin réalité », soulignent Isabelle et Philippe. Misha a 4 ans et on doit comprendre qu’elle a 4 ans de vécu sans nous. Elle a des réactions et elle teste nos limites, mais l’adaptation se fait très bien. J’ai découvert en Phil un papa merveilleux, il est très patient », ajoute Isabelle. « Je trouve que l’on fait une excellente équipe, on se complète bien », conclut Philippe.