André Marion appelle à rester vigilant, même en région
Par Ève Ménard
Le déclin du français est souvent associé à Montréal, région très médiatisée chaque fois qu’il en est question. À une cinquantaine de minute de la métropole, le problème nous semble plus lointain. Mais qu’en est-il réellement? Nous discutons avec André Marion, directeur de la Société Nationale des Québécoises et des Québécois des Laurentides, du français en région, d’immigration et des jeunes.
« Le danger s’en vient »
Le français occupe une place centrale pour André Marion, qui remarque d’ailleurs son déclin, non seulement dans les commerces de Montréal, mais aussi dans les médias. « Même à Radio-Canada, je vois parfois une dégradation. À certaines émissions de radio, il arrive qu’on ne prenne même plus la peine de traduire un extrait d’entrevue en anglais », souligne le directeur de la SNQ des Laurentides. Par contre, il est conscient que le déclin du français se fait moins sentir dans les Laurentides que dans les grandes villes urbaines.
Or, il faut demeurer prudent. « Montréal, c’est la porte d’entrée, mais ensuite, ça va se répercuter aussi en région. » Il ajoute : « Le danger s’en vient. Il ne faut pas se dire que nous sommes en région et que donc, ça ne nous touche pas. Il faut arrêter le problème à la source et la source, c’est définitivement Montréal. »
Passer par la culture
La SNQ des Laurentides chapeaute et organise les Rendez-vous culturels dans les Laurentides, dont la mission est de favoriser l’intégration des allophones et de donner le goût du Québec par la culture. Sans surprise, André Marion souligne que la francisation de nouveaux arrivants est plus facile en région. En effet, il est beaucoup plus difficile d’y vivre en parlant uniquement en anglais.
« Accueillir des immigrants de milieux francophones seulement, c’est une solution possible, mais ce serait trop restrictif », avance-t-il. Monsieur Marion croit davantage en la mentalité des Rendez-vous culturels : celle de développer un sentiment d’appartenance à la culture québécoise et par le fait même, à la langue française, peu importe le lieu d’origine.
Les jeunes et le français : inquiétant ou non?
Un sondage Léger sur la situation du français au Québec a été réalisé du 4 au 6 septembre dernier auprès de 1011 Québécoises et Québécois. Il avait été commandé par le Mouvement national des Québécoises et des Québécois, dont fait justement partie la SNQ des Laurentides, et la Fondation Lionel-Groulx. Le sondage a révélé que 63 % des répondants étaient préoccupés par la situation du français au Québec. Or, ce pourcentage chute à 46 % chez les 18 à 34 ans.
Dans une autre entrevue que nous avait accordé André Marion, il affirmait que la sauvegarde du français reposerait sur les jeunes. À la lumière de ces données, est-il inquiet? « En vieillissant un peu, je crois que ça va changer. Moi-même, plus jeune, je n’étais pas très sensibilisé. Je partais parfois avec l’idée que ce serait tellement extra-ordinaire s’il n’y avait qu’une seule langue dans le monde. Mais on vieillit et ça évolue à travers nos expériences. »
Devant toute cette effervescence entourant la langue française et les engagements, autant du gouvernement provincial que fédéral, André Marion reste optimiste pour la suite, tout en demeurant vigilant.
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Sondage Léger en quelques chiffres
- 63 % des répondants se disent « très » ou « assez » préoccupés par la situation du français au Québec
- 59 % des répondants croient que dans 10 ans, la situation du français au Québec sera moins bonne
- 67 % des répondants se disent prêts à appuyer des mesures pour mieux protéger la langue commune