Agents de la faune : Négociations qui piétinent et départs
Par Luc Robert
Sans contrat de travail depuis le 31 mars 2020, les agents de protection de la aune sont arrivés à l’étape où une nouvelle convention de trois ans devrait à nouveau être négociée avec Québec.
Selon des données publiées en janvier, les effectifs sont passées de 400 en 2018 à 290 agents aujourd’hui, pour couvrir l’immense territoire québécois. Une vingtaine sont en poste dans les Laurentides, mais les besoins en nécessiteraient le double.
« Il y a un genre de cercle vicieux qui s’est installé. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFPQ) utilise la même enveloppe budgétaire qu’il y a 15 ans. Au lieu d’avoir investi des sommes additionnelles pour embaucher des agents, il a été pris pour utiliser une partie du budget pour hausser les salaires des employés actuels. On ne se plaindra pas d’obtenir une possible future hausse de 11 % et un haut d’échelle à 72 000 $ (en suspens jusqu’à la signature définitive d’une convention), mais en même temps, ça se répercute sur notre charge de travail et le manque d’effectifs non-ajoutés », a souligné une source voulant conserver l’anonymat.
Le syndicat déplore que la centaine d’agents manquants soit comblée ailleurs.
« Le ministère aurait recours au privé pour patrouiller. Selon un nouveau projet pilote, il peut assermenter un groupe et lui faire exécuter nos tâches. Et on sait bien que s’il sauve de l’argent, la mesure deviendra permanente », a évoqué notre informateur.
Pénurie
La relève ne foisonne pas non plus sur le marché du travail. Ce que confirme M. Stéphane Collin, directeur aux griefs provincial, au sein du syndicat des Agents de Protection de la Faune du Québec (SAPFQ).
« Ils ont de la misère à combler les nombreux départs d’agents, de 20 à 25 par année. Vingt-quatre candidats ont été formés de peine et de misère au Centre de formation à Duchesnay, où des locaux doivent être loués par manque d’espace. Vingt-deux ont terminé le cours de 16 semaines et 1 autre vient de quitter à la première semaine de travail. Une fois diplômé, qui veut aller à 21 $ de l’heure s’établir dans les régions éloignées, comme sur la Côte-Nord ? », a-t-il fait valoir.
Le Cégep d’Alma est l’autre lieu où s’enseigne le métier. Le programme avait été suspendu, mais a repris. « Il n’y a pas de vision à moyen terme au ministère. Il fonctionne sur le régulateur de vitesse, sans se soucier de la rétention des troupes. Par exemple, à la Centrale d’appel de braconnage, les agents s’inscrivaient là presque bénévolement, pour des longs quarts de travail de disponibilité. Plutôt que faire rire d’eux, les membres ont retiré leur nom de la liste », a repris M. Collin.
Refus
Les syndiqués croyaient par ailleurs avoir fait un gain pour les plus anciens.
« On avait été convoqué pour négocier à long terme. Puis, on a rencontré la ministre Sonia Lebel à une seule occasion, sur trois prévues. On voulait une prime de rétention de 4 % comme négo de départ (non-indexable), mais on a reçu une fin de non-recevoir du provincial. Ça se traduit par des retraites anticipées, des départs de membres qui ne se sentent pas respectés. »
Fermetures ?
Le modèle ontarien serait envisagé par les autorités pour maintenir deux agents de la faune par district.
« En 2019, le Ministère devait présenter son modèle d’avenir. De ce qui a transpiré, il fermerait la moitié des bureaux, pour économiser sur la location de locaux. Pendant ce temps, les gestionnaires se promènent avec des gros VUS… »
« On veut aussi créer un comité de négos, pour réduire l’écart avec les fonds de pensions d’autres fonctionnaires. On a celui des gardiens de prisons comme modèle pour refaire les calculs. Mais tout traîne et nos agents expérimentés quittent les rangs », a déploré M. Collin.