Négociations 2023 : Le personnel de soutien scolaire au bord de l’abîme
Par Luc Robert
Salaires peu attirants, détériorations des conditions de travail, maladies cumulatives : le personnel de soutien scolaire de la région a profité de la grève du 6 novembre dernier pour lancer un appel à l’aide au gouvernement du Québec : « S’il cherchait une façon de solidariser les membres, avec leur offre, c’est réussi ! »
La présidente du Syndicat du personnel de soutien en éducation de la Rivière-du-Nord SPSERN-CSQ, Mme Brigitte Beaudry, n’a pas mâcher ses mots en lien avec les négociations qui piétinent avec le ministère de l’Éducation du Québec.
« On nous promettait quelque chose d’intéressant, de nouveau avec les nouvelles offres, mais on a l’impression qu’on est en train de rire de nous », a-t-elle évalué. « Quand tu fais face à 29 démissions ou congés de maladie en septembre, et puis 15 de plus en octobre, tu constates que l’épuisement est généralisé aux établissements du CSSRDN [Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord]. La majorité de nos travailleurs ont des statuts précaires. Les éducatrices en services de garde y goutent : quand tu fais 10 à 15 heures par semaine et que les autorités ne peuvent palier à la pénurie de personnel, tu ne vois pas d’issue de secours. Et les négociations qui sont très difficiles au niveau normatif. Tu ne comprends pas le sens des interventions publiques du ministre [Bernard] Drainville. C’est du tape à l’œil : il visite des écoles neuves, sans moisissure, alors que les plus vieilles où de la relocalisation est nécessaire, ça ne passe pas à la télé », a poursuivi Mme Beaudry.
Salaire moyen
Le salaire moyen du personnel de soutien scolaire est la moitié de celui des travailleuses et des travailleurs de la province, selon elle. « Avec 26 484 $ par année, c’est très difficile de contrer la hausse du prix des aliments et du coût de la vie, il faut changer ça, sinon la pénurie de main-d’œuvre va atteindre des niveaux records dans nos établissements scolaires, ce qui va amener encore plus de bris de services. En plus, la hausse de la violence envers les TES [techniciennes en éducation spécialisée] et les éducatrices n’a rien d’attrayant. Le personnel se trouve à bout de souffle », a rappelé la présidente locale.
Protecteur de l’élève
Un professeur qui travaille à chaque jour avec du personnel de soutien confirme la tendance.
« Leur surutilisation n’est pas banale. Quand il manque du personnel, ils compensent toujours en rajoutant des tâches aux employés restants. Comme enseignant, je dois écourter mon heure de diner pour aller aider les surveillants qui restent à la cafétéria. On est tous surexploités et avec la nouvelle loi, ils nous confèrent trop de responsabilités. Avec le nouveau Protecteur de l’élève, les directions d’écoles ont peur des parents, car les jeunes ont du pouvoir. Les enfants rois d’il y a 15 ans sont devenus les parents rois de 2023. Les métiers de professeur, d’intervenants, de chauffeurs d’autobus et autres sont devenus des carrières à risques. Il faut diminuer le pouvoir démesuré des parents et des jeunes. On ne peut plus rien dirigé, même quand ça chauffe : ni une classe, ni un autobus, ni une cafétéria, ni un gymnase », a brossé comme portrait un enseignant de longue date.
Devant des solutions qui tardent à venir, ce dernier reste à court d’idées pour améliorer la situation.
« Les enfants d’aujourd’hui sont élevés dans la ouate. Tu veux rester et améliorer le sort des jeunes. Mais quand tu n’obtiens aucun support, tu penses à sortir du réseau scolaire. Tu sais qu’après 35 ans de services, tu peux tirer ta révérence… tu comptes les jours. »
Augmenter les heures
Le lundi 6 novembre dernier, Brigitte Beaudry et trois de ses adjoints syndicaux ont effectué des visites d’école partout dans le CSSDRN, pour appuyer leurs travailleurs. La pénurie de personnel représente un enjeu majeur pour les membres du SPSERN-CSQ.
« Nous réclamons des mesures bien précises pour améliorer l’attraction et la rétention du personnel. Cela passe par des emplois de qualité, avec des postes à temps complet, la fin des horaires brisés, la valorisation de tous les emplois de soutien scolaire et la conciliation famille-travail. Il faut que des gestes concrets soient posés, qu’une écoute active du gouvernement survienne pour régler ces problèmes », a enchaîné Mme Beaudry, qui a visité l’École polyvalente Lavigne de Lachute en début de semaine.
Corps d’emplois représentés par le SPSERN
- Technicien-interprète
- Technicien en administration
- Technicien en audiovisuel
- Technicien en documentation
- Technicien en éducation spécialisée
- Technicien en formation professionnelle
- Technicien en informatique
- Technicien en informatique. classe principale
- Technicien en loisirs
- Technicien en bâtiment
- Technicien en organisation scolaire
- Technicien en transport scolaire
- Technicien de travaux pratiques
- Technicien de travail social
- Technicien en service de garde
- Appariteur
- Opérateur en informatique. classe I
- Opérateur en reprographie
- Opérateur en reprographie. classe principale
- Éducateur en service de garde classe principale
- Éducateur en service de garde
- Préposé aux élèves handicapés
- Surveillant d’élèves
- Surveillant-sauveteur
- Acheteur
- Agent de bureau. classe I
- Agent de bureau. classe II
- Agent de bureau. classe principale
- Auxiliaire de bureau
- Magasinier. classe I
- Magasinier. classe II
- Magasinier. classe principale
- Secrétaire
- Secrétaire d’école ou de centre
- Secrétaire de gestion