5 mythes sur l’éducation à domicile
Deux parents-éducateurs ont accepté de déboulonner les mythes entourant l’éducation à la maison.
Marie-Noelle Marineau fait l’éducation à la maison de ses deux garçons présentement en 3e année du primaire avec son conjoint, Mathieu Pelletier. Les deux sont travailleurs autonomes dans le secteur des communications et du design. Leurs enfants n’ont jamais fréquenté ni la garderie ni le milieu scolaire. Marie-Noelle est fondatrice du Mouvement pour la sensibilisation aux apprentissages en famille (MSAEF) et auteure des livres: L’éducation à domicile, Neuf parents éducateurs vous invitent dans leur quotidien et La Clique Alpha.
Dominique Nadeau et Mario Villeneuve sont un exemple que la réussite éducative des enfants en contexte familial est possible sur le long terme. Ils ont éduqué leurs six enfants à la maison à Saint-Jérôme. Vingt ans après le début de cette aventure, Dominique n’a aucun regret d’avoir délaissé son métier de technologue en laboratoire médicale pour être mère au foyer. Elle tient la page Facebook « Secondaire à la maison au Québec » et fait du bénévolat pour l’AQED.
1 – La formation n’est pas aussi bonne
[Marie-Noelle] Le programme de formation de l’école québécoise (PFEQ) est obligatoire. Le nouveau règlement rendra aussi les examens ministériels obligatoires à partir de l’année prochaine. Ça facilitera la reconnaissance de l’éducation à domicile, mais ça enlèvera plus de liberté.
[Dominique] Avec l’école à la maison, une seule note fait passer ou échouer contrairement au réseau scolaire où les notes de l’enseignant pondèrent le passage au niveau d’enseignement supérieur. Nos enfants n’ont pas accès aux pratiques ou aux examens de révision des années précédentes, comme c’est le cas en classe avec les enseignants. Malgré tout, nos enfants réussissent bien. J’en suis la preuve.
2 – Il faut avoir beaucoup d’instruction
[Marie-Noelle] On ne devient pas un parent avec un BAC en enseignement parce qu’on enseigne à la maison. On se sert du matériel éducatif. Les groupes de soutien d’éducation à domicile nous permettent de faire des échanges de services entre parents. Généralement, le parent révise et se met à jour sur les notions qu’il a déjà appris durant sa propre scolarisation. Il faut surtout apprendre à organiser notre temps.
[Dominique] C’est vrai qu’il n’y a pas de plan d’apprentissage tout prêt au Québec comme en Colombie-Britannique, en Ontario, aux États-Unis et en Belgique. Ici, on peut engager des tuteurs, on établit nos plans d’apprentissage et on a le soutien d’autres groupes de parents et de La Direction de l’enseignement à la maison (DEM) au Ministère.
3 – Ça prend beaucoup de temps
[Marie-Noelle] Comme il n’y a pas de gestion de classe, ce qui se fait en 5 heures à l’école peut se faire en moins de temps. Ça dépend du niveau. Au secondaire, les jeunes sont plus autonomes et les heures de travaux scolaires recommandées sont d’environ 4 périodes de 40 minutes par jour, 4 jours par semaine. Au primaire, on parle d’environ 1 h 30 par jour maximum. C’est dur à quantifier, parce qu’il y a tout le reste qui s’ajoute comme les sorties. Personnellement, j’assure une présence avec les enfants du levé jusqu’à midi durant la semaine.
Dans l’après-midi, c’est papa qui prend le relais. Il fait beaucoup de lecture avec les enfants. Il les fait bouger et crée des expériences scientifiques.
4 – C’est très compliqué
[Marie-Noelle] La chose la plus compliquée, c’est de remplir nos obligations auprès du ministère de l’Éducation. Au début, on a tendance à vouloir tout répliquer ce qui se fait à l’école, mais on se rend vite compte que ce n’est pas nécessaire d’avoir un horaire super rigide et complet. Ça peut être plus simple, plus relaxe et plus amusant.
[Dominique] On peut retirer son enfant n’importe quand, en cours d’année. Il suffit de produire un avis en 10 jours et un plan d’apprentissage 30 jours plus tard. À l’époque où j’ai commencé l’école à la maison, il n’y avait pas d’obligation légale d’inscrire nos enfants aux examens. Il y avait moins de paperasse. Maintenant, il faut remplir un formulaire d’avis annuel, un plan d’apprentissage avant le mois de septembre. Il n’y a pas de cursus à distance que le parent-éducateur pourrait appliquer (ça a des bons côtés et des moins bons côtés).
5 – Ça fait des enfants sans habiletés sociales
[Marie-Noelle] À l’école, ils développent des habiletés surtout avec leur groupe d’âge. Dans nos groupes de soutien, ils interagissent bien avec des jeunes de tout âge et aussi avec des adultes, selon les champs d’intérêts qu’ils ont en commun.
[Dominique] Nous sommes rarement seuls avec les enfants, entre quatre murs. On sort beaucoup pour faire des sorties éducatives. Ce qui rend cette période de pandémie plus difficile pour certains d’entre nous. Ma plus vielle a réintégré l’école en 3e secondaire à l’école internationale de Saint-Jérôme, parce qu’elle voulait suivre ses amis. Elle a terminé sa technique en réadaptation physique sans problème de sociabilité.